Le calvaire :
Il leur faut donc essayer de rejoindre l’aérodrome de Done Meuang qui était leur destination initiale.
Les deux aviateurs se trouvent dans une région de rizières, très peu peuplée. Il leur est très difficile de se faire comprendre, où de comprendre les paysans
qu’ils rencontrent en chemin.
Ils arrivent à trouver la direction de la voie ferrée qui rejoint Bangkok à Nakhon Sawan, plus au nord. Ils partent à pied, plein ouest, sous un soleil revenu.
La chaleur est lourde et aucun arbre ne peut les abriter sous son ombre. Un calvaire qui va durer près de cinq heures.
Mais c’en est trop pour l’adjudant Lacoste, et il va s’écrouler, foudroyé par une insolation. Il avait 31 ans.
Guyomar continuera sa route et parviendra enfin à rejoindre la voie ferrée à la petite gare de Baan Moh, au nord de la ville d’Ayuthaya.
Le corps de Lacoste sera ramené à cette gare plus tard.
Depuis la gare, enfin, Guyomar va pouvoir joindre par télégramme les autorités locales et dans la nuit, françaises de la capitale, qui se montrèrent très surprises,
n’étant pas au courant de leur tentative ( ?).
Ils purent ensuite prendre un train qui partait vers Done Meuang. Là le corps de l’adjudant Lacoste fut mis en bière, dans un cercueil hâtivement construit
et recouvert du drapeau français.
Le Consulat fut prévenu de l’arrivée des aviateurs à la gare de Hua Lampong de Bangkok, au train de l’après midi de ce 17 juin.
A 15h20, le train fut accueilli une délégation française, conduite par M. Topenot, le chargé d’affaires, et composée de l’attaché militaire de la Légation,
le commandant Gaston Desgruelles, par M. Simon, le capitaine Dick Singhatat et le Dr Reginald Day, venu avec une ambulance pour emmener le corps du défunt
vers l’hôpital Chulalongkorn.
Une autopsie confirmera l’insolation comme cause du décès.
Selon le capitaine Guyomar, le retour de son infortuné compagnon s’avérait impossible et l’inhumation s’imposa d’urgence, dans le cimetière catholique de Bangkok,
le jour même.
Un service religieux eut lieu à Bangkok le 23 juin suivant. Le Capitaine Guyomar rentrera vers Saïgon avec son avion démonté, à bord du navire ‘La Bonite’.
Il demandera dans un message à son autorité de Saïgon, daté du 24 juin, une récompense posthume pour le pauvre Lacoste.
Quatre mois plus tard, la dépouille mortelle du malheureux aviateur sera ramenée à Saïgon. Un service solennel aura lieu à la cathédrale en sa mémoire,
Il sera ensuite inhumé dans le cimetière de Saïgon, où un grand monument de pierre rappellera sa mémoire.
Monument qui sera certainement détruit lors de la suppression du cimetière français par les autorités vietnamiennes en 1983.
In Memoriam :
Pierre Lacoste était né le 11 janvier 1889 à la maison Beauséjour de Saint Perdon, dans les Landes. Mais il avait pris pour prénom usuel, Émile.
Il était fils de Jacques Lacoste, propriétaire-cultivateur et de Jeanne Fosses, son épouse.
Engagé volontaire en septembre 1907 pour quatre ans, il est incorporé au 50ème Régiment d’Infanterie. Nommé sergent en 1909, il va ensuite rempiler 3 fois.
En 1913, il est détaché ‘hors cadre’ au 2ème groupement aéronautique.
En novembre de la même année, il passe à l’escadrille D4 à Maubeuge.
Il tombe aux mains de l’ennemi à Cambrai le 5 octobre 1914 et est prisonnier de guerre en Allemagne.
Il est hospitalisé en Suisse en 1917 et est rapatrié sur Lyon en 1918.
Il est alors affecté à l’École d’Aviation d’Avord.
Nous n’avons pas de détails sur la date de son départ vers l’Indochine. Seuls MM Cony et Ledet fournissent la citation suivante :
« Très brave et très allant, a exécuté en Cochinchine et au Cambodge, au cours du premier semestre 1920, 42 heures de vol dans des circonstances souvent difficiles et périlleuses ».