Le voyage du Roi du Siam en1934 est apparemment plus diplomatique tout en étant justifié par des raisons de santé.
Pris entre les méandres de la politique intérieure siamoise, le souhait de préserver son trône mais pas au prix de n’importe quel abandon et aussi, il ne faut pas l’oublier,
la crainte du péril rouge qui menace l’Europe et tout autant le Siam par l’intermédiaire de l’Indochine (tout ce que la colonie compte de communistes, indépendantistes, bolcheviks
ou nationalistes est peu ou prou réfugié sur la rive droite du Mékong), le Roi a probablement eu des entretiens avec tous ces politiques dont malheureusement nous ignorons tout.
A-t-il cherché des conseils pour éviter de perdre son trône ou était-ce un départ programmé vers une retraite paisible ?
Etait-il guidé par le seul intérêt ? Selon la presse à ragots française , il est alors l’un des hommes les plus riches du monde possédant des intérêts dans toute l’Europe
(essentiellement en Angleterre mais aussi en Allemagne et en Roumanie) dont il pouvait avoir de temps à autre aller surveiller la gestion ?
Le Roi Prajadhipok (RAMA VII)
Mais dans aucun de ces voyages, nous l’avons vu, l’intérêt intellectuel ou culturel n’est absent quand il ne prédomine pas.
Rencontrer Hitler, peut-être, cela ne l’empêche pas de visiter Bad Hombourg, rencontrer Mussolini probablement ne l’empêche pas de se faire guider dans une visite de Rome
par le prince héritier.
Le Roi Prajadhipok (RAMA VII) du Siam acceuillit par Adolf Hitler a Berlin le 14 juillet 1934
Cette passion ne cessera pas :
au printemps de l’année 1938, il entreprend avec son épouse et sa suite un merveilleux voyage, un séjour à Bandol après avoir visité les châteaux de la Loire,
la cité de Carcassonne et les sites de la Provence romaine avant de rejoindre l’Italie . C’était évidemment un homme de goût.
encore un article
Les Souverains du Siam visitent longuement les usines Citroën
Le roi et la reine de Siam, dont le séjour dans notre capitale prendra fin demain, à midi, ont consacré leur dernière, journée à visiter en détail
les usines Citroën de la région parisienne, ainsi que le musée des expéditions Citroën Centre-Afrique et Centre-Asie. M. et Mme André Citroën
reçurent L.L. M-M., et la visite, qui commença de très bonne heure, se déroula dans l'ordre suivant :
Les forges et les fonderies de Clichy, les ateliers d'emboutissage de Saint-Ouen,les ateliers d'usinage et de montage de Javel, enfin les ateliers de carrosserie
et les chaînes de montage de la 7, voiture dont la conception si nouvelle intéressa tout particulièrement les souverains.
Au cours de cette visite, le roi et la reine ne purent s'empêcher, à plusieurs reprises, d'exprimer leur admiration pour la vie intense qui se dégage des ateliers
où 25 000 ouvriers travaillent avec ardeur à assurer la production maximum que l'usine ait jamais réalisé.
Avant de quitter l'usine, S. M. Prajadhipok commanda pour lui et pour la reine deux 7 CV destinées à leur usage personnel, et qu’ils comptent utiliser dès à présent
pendant les quelques semaines qu'ils passent encore en Europe. La visite fut suivie d'un déjeuner chez M. et Mme Citroën, déjeuner présidé par L.L. M.M.,
auquel assistèrent leur suite et les principaux collaborateurs des usines.
Le roi et la reine se rendirent ensuite au musée Citroën, où le roi, après avoir contemplé longuement les souvenirs rapportés par les missions d'Afrique et d'Asie,
s'intéressa vivement aux documents archéologiques et aux nombreuses antiquités indochinoises de l'art khmer, sur lequel le souverain possède une vaste érudition.
De semblables visites sont bien faites pour faire saisir à nos hôtes le vrai visage de notre pays. À côté des trésors artistiques que nous a légué un Glorieux passé, il convient aussi
de montrer la France au travail et la journée d'hier a certainement prouvé aux souverains du Siam que notre laborieux pays possède des installations industrielles
qui ne le cèdent en rien aux plus belles et aux plus modernes du monde...
L'action Française, 25 avril 1934.
Pour Rappel:
Le Siam a cette epoque est "encercle" par les britanniques (Malaisie et Birmanie) et les francais (Indochine-Laos/Cambodge/Vietnam)
Ier coup d etat militaire:
Un petit groupe de soldats et de fonctionnaires a commencé secrètement à comploter pour renverser la monarchie absolue et amener un gouvernement constitutionnel
dans le royaume. Leurs efforts ont abouti à une "révolution" presque sans effusion de sang le matin du 24 juin 1932 par l'auto-proclamé Khana Ratsadon
(Parti populaire).
Salle du trône d'Ananda Samakhom
Les comploteurs ont pris le contrôle de la salle du trône d'Ananda Samakhom à Bangkok et ont arrêté des responsables clés (principalement des princes et des proches du roi).
Le Parti populaire a exigé que Prajadhipok devienne un monarque constitutionnel et accorde aux Thaïlandais une constitution.
En cas de réponse négative, ils se réservent le droit de déclarer le Siam en république.
Le roi a immédiatement accepté la demande du Parti populaire et la première constitution "permanente" du Siam a été promulguée le 10 décembre 1932.
Prajadhipok est revenu à Bangkok le 26 juin et a reçu les comploteurs du coup d'État en audience royale.
Alors qu'ils entraient dans la pièce, Prajadhipok les a salués en disant:
"Je me lève en l'honneur du Khana Ratsadorn." C'était un geste significatif car, selon les rituels royaux précédents, les monarques devaient rester assis
pendant que leurs sujets faisaient révérence. Prajadhipok reconnaissait le changement de circonstances. La monarchie absolue était terminée
Le Roi a reigne du 25 Novembre 1925 au 2 Mars 1935 le jour de son abdication.
La réaction à l'abdication a été mise en sourdine. Tout le monde avait peur de ce qui pourrait arriver ensuite.
Le gouvernement s'est abstenu de contester toute affirmation contenue dans la déclaration d'abdication du roi de peur de susciter une nouvelle controverse.
Les opposants au gouvernement se sont tus parce qu'ils se sentaient intimidés et abandonnés par le roi qu'ils considéraient comme la seule personne capable de résister
au régime militaire.
En d'autres termes, l'absolutisme de la monarchie avait été remplacé par celui du Parti populaire, l'armée se profilant dans les coulisses comme l'ultime arbitre du pouvoir.
Le Roi Prajadhipok a passé le reste de sa vie avec la reine Rambhai Barni en Angleterre.
Au moment de l'abdication, le couple vivait à Knowle House, dans le Surrey, juste à l'extérieur de Londres.
Cependant, cette maison ne convenait pas compte tenu de sa santé, ils ont donc déménagé dans une petite maison à Virginia Water (toujours à Surrey), mais avec plus d'espace.
Ils ont de nouveau déménagé à Vane Court, la plus ancienne maison du village de Biddenden dans le Kent.
Il y mena une vie paisible, jardinant le matin et écrivant son autobiographie l'après-midi.
En 1938, le couple royal déménage à Compton House, dans le village de Wentworth à Virginia Water, Surrey.
En raison des bombardements de la Luftwaffe allemande en 1940, le couple a de nouveau déménagé, d'abord dans une petite maison à Devon, puis à Lake Vyrnwy Hotel à Powys,
au Pays de Galles, où l'ancien roi a subi une crise cardiaque.
Le couple est retourné à Compton House, car il a exprimé sa préférence pour y mourir.
Le roi Prajadhipok est décédé d'une insuffisance cardiaque le 30 mai 1941 a 47 ans.
Sa crémation a eu lieu au Golders Green Crematorium dans le nord de Londres.
C'était une simple affaire à laquelle assistaient juste la reine Ramphai et une poignée de parents proches.
La reine Ramphaiphanni est restée à Compton House pendant huit ans avant de retourner en Thaïlande en 1949, rapportant avec elle les cendres du Roi .
source
alainbernardenthailande.com
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