Les Laffly W15 TCC en action
Le 5 juin, le peloton de chasseurs de chars est déployé sur les hauteurs de Belloy (1 km au nord-est de Molliens-Vidame - près d'Abbeville, sur la Somme).
Le soir, une vingtaine de chars légers allemands sont repérés sur la route d'Abbeville. Les canons AT français de 47 mm ouvrent le feu à une portée de 2 000 mètres.
Le 5e Laffly W15 TCC dirigé par le brigadier Rayon met immédiatement le feu à un char allemand.
Le 3ème canon AT détruit un deuxième char allemand, qui est également vu en train de brûler.
Deux chars allemands supplémentaires semblent avoir été assommés et immobilisés.
Le 6 juin, le 54e BACA est déployé pour bloquer la route d'Abbeville.
Le 1er Laffly W15 TCC commandé par l'adjudant Marchal aperçoit environ 50 chars allemands. Il détruit 3 chars lourds allemands (Panzer IV probablement) puis recule,
attirant les chars allemands vers les 2e et 3e embusqués Laffly W15 TCC.
Les 3 canons AT autopropulsés français ouvrent le feu et 6 chars allemands brûlent et 4 autres sont mis KO. Les équipages allemands de ces 4 chars se sortent des epaves
et commencent à se faufiler vers les véhicules français. Les équipages français se défendent avec leurs SMG. Une dizaine de soldats allemands sont touchés
et les autres sont contraints de battre en retraite, surpris par la résistance. Selon leur tactique habituelle, les Allemands évitent la zone où les troupes françaises résistent.
Ils reculent pour lancer une nouvelle attaque sur un axe différent.
Selon le témoignage du commandant de bataillon Decoux, à la tête du 7e Régiment de Dragons, opérant également dans cette zone, 18 chars allemands ont été detruits ou touches
par le 54e BACA lors de ces combats.
Le sous-lieutenant Brussaux de son côté n'a pu personnellement assister qu'à 9 chars allemands incendiés et 4 touches.
Diorama
Au cours de cette journée, le 54e BACA n'a pas perdu un seul homme. Les seules pertes signalées sont 1 Laffly W15 TCC (aspirant Lefebvre) qui a eu une panne mécanique
et 1 voiture de liaison Peugeot 402. Les deux véhicules ont été sabordés par leurs équipages.
Le peloton de chasseurs de chars recule et est déployé à 1 km au sud de Molliens sur les hauteurs de Bougainville. Le 7 juin, le peloton est à Campaux, QG de la 10e armée.
Le peloton AA et les services généraux avaient reçu l'ordre de retourner à Saint-Aubin.
Les canons AA de 25 mm sont remorqués par des camions et ne peuvent pas suivre les canons AT automoteurs dans leurs tactiques de frappe et de course.
Ces canons AA sont également incapables de fournir une couverture efficace au peloton AT puisque ce dernier est déployé sur un grand front.
Néanmoins, un chasseur allemand a été abattu le 5 juin.
Le peloton de chasseurs de chars opère toujours seul, 10 à 15 km devant les troupes françaises.
Les véhicules Laffly W15 TCC sont pris en embuscade sur les routes et sont souvent à plusieurs kilomètres les uns des autres.
Ce n'est pas la doctrine d'utilisation prévue de la batterie mais il est impossible dans de telles conditions de se comporter différemment.
Le peloton essaie d'infliger autant de pertes que possible à l'ennemi puis recule, évitant d'être encerclé par des troupes allemandes plus nombreuses.
A Campaux, des chars allemands sont signalés au nord de la ville. Les hommes de la batterie AT sont morts de fatigue mais le peloton AT est déployé sur les routes
menant à Campaux. L'adjudant Marchal est pris en embuscade sur la route d'Hernemont avec 2 chasseurs de chars et le sous-lieutenant Brussaux est déployé autour de Villers
(sur la route de Gournay à Campaux) avec 2 chasseurs de chars restants.
Marchal est soutenu par une voiture blindée opérant dans la région. La voiture blindée attire les éléments allemands lourds vers le 47mm AT embusqué
et engage les véhicules plus légers lui-même. 2 chars allemands sont détruits et un 3ème est neutralisé. Selon ses ordres, Marchal se retire dans la forêt lyonnaise à 23h00.
Un capitaine d'infanterie coopère avec Brussaux, menant une reconnaissance pour lui.
Il rapporte l'arrivée des troupes allemandes et quelques minutes plus tard 3 chars lourds allemands sont repérés. Ils avancent, cachés derrière un convoi de réfugiés.
Malgré la présence de civils, Brussaux ordonne d'ouvrir le feu à 100 mètres. Les 3 chars allemands sont rapidement détruits et brûlent.
Entendant des véhicules enemis circulant sur une route à sa droite Brussaux choisit de reculer de 500 à 600 mètres pour avoir une meilleure visibilité sur la zone.
Le deuxième TCC Laffly W15 opérant avec Brussaux voit sa traversée de canon bloquée et reçoit l'ordre de revenir à Gournay.
Quelques minutes plus tard, la ville de Villers (où Brussaux était précédemment déployé) est soudainement encerclée par une trentaine de blindés allemands.
Le chasseur de chars français ouvre le feu et en détruit 2; 3 autres sont mis hors de combat et les autres s'enfuient.
Entre 15h00 et 19h00, aucune autre armée blindée ennemie n'a pu être vue.
Brussaux se retire à Gournay qui est déjà à moitié détruite. Il essaie de localiser l'autre chasseur de chars sans succès. La ville est à nouveau attaquée par la Luftwaffe.
Plus tard, il apprend que l'autre TCC Laffly W15 a quitté la ville pour éviter les bombardements. Ils se retrouveront à Versailles quelques jours plus tard.
Le sous-lieutenant Brussaux s'installe ensuite à Lyons-la-Forêt et Marines et regroupe finalement l'ensemble du 54e BACA (unités AT, AA et services).
Il apprend que le 7e Régiment de Cuirassiers s'installe à Versailles. Seul, il ordonne également de se retirer à Versailles. Une fois à Versailles, Brussaux espère une réparation rapide
de ses véhicules dans l'usine Laffly. Néanmoins, le temps manque et le 54e BACA continue avec seulement 2 chasseurs de chars pleinement opérationnels.
La batterie s'installe à Vannes, rattachée au groupe de combat du capitaine Etienne.