L’AMGOT, késako ?
Il s’agit de l’acronyme de Allied Military Government of the Occupated Territories, qui était un plan défini par les États-Unis, et qui visait à imposer dans les pays
« libérés de l’occupant nazi » (un occupant financièrement et matériellement aidé par les grandes banques américaines), un gouvernement militaire allié,
afin d’assurer une transition pour un retour à la « démocratie ».
Soutenu par l’immense majorité des Français, De Gaulle, chef de la résistance, réussit cependant à éviter l’AMGOT et à installer un gouvernement provisoire français (le GPRF)
pour assurer le retour à la démocratie.
Il s’agit d’un pan entier de l’histoire – et non des moindres -, qui ne nous est curieusement pas enseigné dans les manuels d’histoire !
Si l’on compare ces faits à ceux survenus en Iran, Libye, Afghanistan, Liban, Pakistan, Syrie, Ukraine, etc, etc, etc, soit au total environ 70 pays
depuis leur Déclaration d’Indépendance, le doute est-il encore permis ?
C’est une page peu connue de l’histoire de la seconde guerre mondiale : dès 1941-1942, Washington avait prévu d’imposer à la France – comme aux futurs vaincus,
Italie, Allemagne et Japon – un statut de protectorat, régi par un Allied Military Government of Occupied Territories (Amgot).
Ce gouvernement militaire américain des territoires occupés aurait aboli toute souveraineté, y compris le droit de battre monnaie, sur le modèle fourni par les accords Darlan-Clark
de novembre 1942.
A en croire certains historiens américains, ce projet tenait à la haine qu’éprouvait Franklin D. Roosevelt pour Charles de Gaulle, « apprenti dictateur »
qu’il eût voulu épargner à la France de l’après-Pétain. Cette thèse d’un président américain soucieux d’établir la démocratie universelle est séduisante, mais erronée .
Un « Vichy sans Vichy »
A l’époque, les Etats-Unis redoutaient surtout que la France, bien qu’affaiblie par la défaite de juin 1940, s’oppose à leurs vues sur deux points, du moins si De Gaulle,
qui prétendait lui rendre sa souveraineté, la dirigeait.
D’une part, ayant lutté après 1918-1919 contre la politique allemande de Washington, Paris userait de son éventuel pouvoir de nuisance pour l’entraver à nouveau.
D’autre part, la France répugnerait à lâcher son empire, riche en matières premières et en bases stratégiques, alors que les Américains avaient dès 1899 exigé
– pour leurs marchandises et leurs capitaux – le bénéfice de la « porte ouverte » dans tous les empires coloniaux.
C’est pourquoi les Etats-Unis pratiquèrent à la fois le veto contre De Gaulle, surtout lorsque son nom contribua à unifier la Résistance,
et une certaine complaisance mêlée de rigueur envers Vichy.
A l’instar des régimes latino-américains chers à Washington, ce régime honni aurait, à ses yeux, l’échine plus souple qu’un gouvernement à forte assise populaire.
Ainsi chemina un « Vichy sans Vichy » américain, qu’appuyèrent, dans ses formes successives, les élites françaises, accrochées à l’Etat qui leur avait rendu les privilèges entamés
par l’« ancien régime » républicain et soucieuses de négocier sans dommage le passage de l’ère allemande à la pax americana.
Préparant depuis décembre 1940, bien avant leur entrée en guerre (décembre 1941), leur débarquement au Maroc et en Algérie avec Robert Murphy,
représentant spécial du président Roosevelt en Afrique du Nord et futur premier conseiller du gouverneur militaire de la zone d’occupation américaine en Allemagne
– bête noire des gaullistes -, les Etats-Unis tentèrent un regroupement autour d’un symbole de la défaite, le général Maxime Weygand,
délégué général de Vichy pour l’Afrique jusqu’en novembre 1941.
L’affaire échouant, ils se tournèrent, juste avant leur débarquement du 8 novembre 1942, vers le général Henri Giraud. Vint ensuite le tour de l’amiral François Darlan,
alors à Alger : ce héraut de la collaboration d’Etat à la tête du gouvernement de Vichy, de février 1941 à avril 1942, était resté auprès de Pétain
après le retour au pouvoir de Pierre Laval .