L’un des tournants souvent ignorés de l’histoire militaire est sans aucun doute l’invention du camouflage.
Les Français, encore vêtus d’un bleu et un rouge criards en 1870, se sont peu à peu fondus dans le décor à partir de 1914.
Notamment grâce à l’invention révolutionnaire d’un Romarimontain établi à Nancy : Louis Guingot.
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Le décorateur et artiste, né le 3 janvier 1864 à Remiremont, imagine, au début de la Première Guerre mondiale, dans son atelier nancéien,
une veste d’un genre nouveau, dont les couleurs (vert pré, brun-rouge et bleu sombre) donnent l’impression d’avoir été prélevées dans un sous-bois.
Son ambition est de sauver la vie de nombreux soldats en les rendant « invisibles » de l’ennemi.
Confiant, Louis Guingot propose donc ce qu’il appelle « la tenue léopard » à l’Armée française.
Mais cette « première veste de camouflage au monde » va être refusée…
L unique piece est expose au musee de Nancy
Dans un article universitaire de 2007, Frédéric Thiery, de l’Université Nancy 2, revient sur ce refus surprise.
« D’évidence, l’idée du camouflage se heurta à son incompatibilité avec la fable représentative du combat et de la victoire. […]
L’uniforme militaire, dans l’optique de l’époque, correspondait au vieux principe séculaire du "voir et se faire voir" où la force et la bravoure tiraient
leur efficacité psychologique de leur visibilité. […]
Enfin, en 1914, il était impossible pour des raisons budgétaires de fabriquer en série la quantité de tissu nécessaire à des millions de tenues,
du fait de leur complexité. » L’idée géniale de Louis Guingot passe donc à la trappe.
Le temps a passé et d’autres prototypes de camouflage ont finalement été acceptés par l’Armée.
Pas celui de Guingot.
La « tenue léopard » a pourtant fait l’objet d’une bataille de paternité ; plusieurs créateurs revendiquant son origine.
Sur la tombe de Louis Guingot, mort le 16 décembre 1948, l’inscription « inventeur du camouflage de guerre en 1914 » demeure pourtant.
Quant à sa veste, elle est conservée au Musée lorrain de Nancy et voyage régulièrement pour des expositions consacrées à la Première Guerre mondiale.
source
vosgesmatin.fr