Karl Wilhelm Krause Flakpanzer IV

Canon antiaérien automoteur Reich (1943)–a base de Panzer IV au moins 3 modifiés

Dans les premières années de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands n’utilisaient pas de véhicule antiaérien dédié basé sur un châssis de char.
Comme Luftwaffe était plus que capable de fournir une couverture AA aux panzers, cela n’était pas considéré comme une priorité à ce stade.
Dans les dernières étapes de la guerre, les choses ont radicalement changé et le besoin de véhicules bien protégés basés sur des châssis de chars est devenu évident.
Bien que des tentatives aient été faites pour concevoir de tels véhicules à la fin de 1943, elles ont conduit à la création d’un Flakpanzer IV armé de 3,7 cm
qui avait des côtés rabattables.





Cette conception s’est avérée infructueuse pour de nombreuses raisons, obligeant les Allemands à trouver une autre solution.
Fin 1943 ou début 1944, le détachement antiaérien de la 12e division Panzer SS décida de prendre les choses en main et modifia trois Panzer IV
en ajoutant le Flakvierling 38 de 2 cm au-dessus de la superstructure.
Ils étaient loin de se douter que leur conception améliorée conduirait à la création du meilleur véhicule antiaérien allemand
et peut-être même du meilleur de sa catégorie pendant la guerre.


Flakpanzer modifié sur le terrain

Dans l’espoir d’augmenter la mobilité des canons antiaériens, il était assez courant pour les troupes allemandes de les monter sur n’importe
quel châssis disponible. Habituellement, de simples camions étaient principalement utilisés dans ce rôle.
Toutes sortes de véhicules capturés ont également été utilisés de cette manière, mais dans une portée limitée.
Les châssis de char ont rarement été utilisés pour cette modification, principalement en raison du nombre insuffisant, mais cela s’est produit occasionnellement.

Par exemple, le châssis obsolète du Panzer I a été réutilisé pour monter des mitrailleuses de petit calibre ou même des canons antiaériennes de calibre 3,7 cm.
Le châssis Bergepanzer 38(t) a également été utilisé de cette manière.


Flakpanzer I avec canon de 2cm.





Même le plus grand Panther a été utilisé dans ce rôle.
Par exemple, les troupes du 653e bataillon de chasseurs de chars lourds (qui exploitait les véhicules antichars Ferdinand) ont modifié l’un de leurs Bergepanther
en y ajoutant un canon antiaérien de 2 cm à quatre canons.
Il s’agissait bien sûr de véhicules uniques qui étaient pour la plupart de simples modifications de terrain construites en utilisant des chars endommagés récupérés
afin de les utiliser à d’autres fins, dans ce cas comme véhicules antiaériens mobiles.


Le Flakpanzer IV modifié de Karl Wilhelm Krause

L’une de ces modifications serait initiée par l’Untersturmführer Karl Wilhelm Krause, qui était le commandant du bataillon antiaérien du 12e régiment de Panzer.
Ce bataillon antiaérien faisait partie de la tristement célèbre 12e division Panzer SS « Hitlerjugend ».
La 12e Panzerdivision SS elle-même était relativement nouvelle, étant formée à l’été 1943 en Europe occidentale.
Des éléments de la 1re division SS Panzergrenadier Division (LSSAH) ont été utilisés comme base, complétés par des vétérans de l’armée allemande ordinaire,
la Wehrmacht, mais aussi certains de la Luftwaffe.
Il est intéressant de noter que la majorité du personnel de la 12e Panzerdivision SS était plutôt jeune, ayant 17 ou 18 ans.
Sa force de combat juste avant l’invasion alliée de la Normandie en 1944 se composait de quelque 98 Panzer IV Ausf.H et J et 66 Panthers.
Pour la défense anti-aérienne, il était équipé de 12 Flakpanzer 38(t) SPAAG et de 34 canons Flak de 2 cm.

À ce stade, il est important de noter que le travail de Karl Wilhelm Krause était plutôt obscur et est peu documenté dans les sources.
Alors qu’un certain nombre de sources mentionnent que cette modification a probablement été faite en 1944, H. Meyer
(The 12th SS : The History of the Hitler Youth Panzer Division : Volume One) mentionne que ces véhicules étaient présents dans l’unité depuis au moins octobre 1943.
Dans la structure organisationnelle, le 2e bataillon ou détachement du 12e régiment de Panzer se composait d’un peloton équipé de trois Panzer IV
armés Flakvierling 38 modifiés de 2 cm au lieu de son peloton de 2 cm Flak (avec 6 canons).

Karl Wilhelm Krause expérimente l’idée de monter un Flakvierling 38 de 2 cm sur un châssis Panzer IV.
Il a proposé cette idée à son supérieur, l’Obersturmbannführer Karl-Heinz Prinz, qui lui a donné le feu vert pour sa mise en œuvre.
L’ensemble de l’installation était de nature simple.
La tourelle a simplement été retirée et un support modifié, le Flak, a été placé sur le dessus.
Comme mentionné précédemment, il est probable que pas plus de trois véhicules de ce type aient été convertis.


Flakpanzer modifié basé sur un châssis Panzer IV armé du canon antiaérien Flak 38 Flakvierling de 2 cm pour la 12e Panzerdivision SS HJ.





L’homme à l’origine de ce projet était l’Untersturmführer Karl Wilhelm Krause.
Il est intéressant de noter qu’il était l’assistant personnel d’Adolf Hitler depuis 1935.
À un moment donné, il a été transféré sur la ligne de front, où il a servi dans la 12e Panzerdivision SS.





Il a été fortement impliqué dans le développement du nouveau Flakpanzer.
En raison de la détérioration de la situation industrielle allemande, la solution la plus simple et la moins chère était désespérément nécessaire.
À un moment donné, le Generalmajor Bolbrinker entendit parler du travail de Krause sur Flakpanzer et envoya le Leutnant Hans Christoph Comte von Seherr-Thoss
en France afin d’inspecter ce véhicule.
Le Leutnant Hans a été impressionné par ce véhicule et a écrit un rapport à ce sujet le 27 avril 1944.
Dans ce document, il a suggéré que ce véhicule soit utilisé comme base pour le nouveau projet Flakpanzer IV.
Il a également affirmé que le commandant du 12e régiment de Panzer, l’Obersturmbannführer Max-Wünsche, a présenté une photo de ce véhicule à Adolf Hitler lui-même,
qui a insisté pour que ce véhicule soit utilisé comme base pour le nouveau Flakpanzer qui était en cours de développement.
Il ne semble pas y avoir de nom officiel ou non officiel donné à ces véhicules.

Inédit, mais logique en même temps, les innovations ayant souvent comme base des bricolages ponctuels effectués dans l'urgence...

La conception du véhicule n’est mentionnée dans aucune source disponible.
La version précise du châssis utilisée n’est pas claire étant donné l’obscurité relative et la faible couverture dans les sources.
L’auteur H. Walther (The 12th SS Panzer Division HJ) mentionne simplement que trois canons antiaériens de 2 cm étaient montés sur des châssis Panzer IV plus anciens.
Si cette conversion a été effectuée à la fin de 1943, en utilisant des chars qui étaient déjà dans la division, cela signifierait qu’il s’agissait probablement de Panzer IV Ausf.H.

Les photos disponibles des véhicules offrent une chance d’identifier le châssis du char.
Étant donné qu’un véhicule avait la plaque de conducteur plate avec le support de boule de mitrailleuse de forme ronde du nouveau type,
il pourrait s’agir de n’importe quel châssis à partir de l’Ausf.F.
Ce qui est étrange, c’est d’utiliser de nouveaux chars de cette manière, étant donné que les Allemands en manquaient.
Le scénario probable est qu’ils ont réutilisé des chars plus anciens, comme l’Ausf.F à canon court, qui a peut-être été utilisé comme véhicule d’entraînement dans la division.

Les chars endommagés étaient souvent réutilisés de cette manière, mais étant donné que la 12e division Panzer SS était nouvellement créée et n’avait pas combattu
à ce moment-là, il est peu probable qu’elle ait reçu un char Panzer IV endommagé, sauf peut-être pour l’entraînement.
Dans tous les cas, en raison des similitudes entre les différents véhicules Panzer IV tardifs, seules quelques suppositions éclairées peuvent être faites
sur leur construction globale.

La suspension et le train roulant de ce Flakpanzer IV étaient les mêmes que ceux du Panzer IV original, sans aucun changement dans la construction globale.
Ils se composaient de huit petites roues doubles de chaque côté suspendues par paires par des unités à ressorts à lames.
Il y avait deux pignons à entraînement avant et deux roues folles arrière au total.
Le nombre de rouleaux de retour n’est pas clair, car le côté du véhicule est partiellement recouvert de branches de bois, mais semble être standard quatre de chaque côté.

Le pignon à traction avant peut donner quelques indices sur la version sur laquelle ces véhicules (ou au moins un) étaient basés.
Ce véhicule utilisait le pignon conducteur similaire à celui utilisé sur les versions Panzer Ausf.F et G.
Les derniers Ausf.H et J utilisaient une conception de pignon légèrement simplifiée.
Bien sûr, de nombreux Panzer IV produits ou réparés par la suite utilisaient toutes les pièces disponibles, et voir des versions qui incorporaient
des pièces de différentes versions était rare mais possible.

Le moteur
Les Panzer IV Ausf.G et H utilisaient le même moteur, le Maybach HL 120 TR(M) 265 ch @ 2 600 tr/min.
L’Ausf.G était un peu plus rapide, à 42 km/h, tandis que l’Ausf.H, plus lourde, avait une vitesse maximale réduite de 38 km/h.
La portée opérationnelle était de 210 km sur une bonne route et de 130 km en tout-terrain.
La charge de carburant de 470 litres est également restée inchangée.

La superstructure
La superstructure a reçu quelques modifications afin d’accueillir le canon Flak de 2 cm.
Ce qui a été fait précisément est inconnu.





Sur les photographies de ce véhicule, il semble que le canon Flak de 2 cm était légèrement encastré à l’intérieur de l’ouverture de la tourelle.
Il pourrait aussi s’agir simplement d’une simple illusion due à la perspective.
Dans tous les cas, le support devait être installé à l’intérieur ou au-dessus de la superstructure.
Comme ce véhicule a été utilisé comme source d’inspiration pour le Wirbelwind ultérieur, la conception de ce dernier pourrait jeter un peu de lumière sur la façon
dont cela a pu être réalisé.
Pour créer une plate-forme stable pour le nouveau canon, sur le Wirbelwind, le support du canon a été construit à partir de deux supports en forme de T
(environ 2,2 m de long) qui ont été soudés à l’intérieur du châssis.
Une plaque supplémentaire avec des trous pour fixer le canon a également été ajoutée.
Cette plaque avait également une grande ouverture de forme ronde pour le montage de l’anneau collecteur.
Cet anneau collecteur était important, car il permettait d’alimenter la tourelle en électricité à partir de la coque du char.

La protection blindee
La protection blindée de la caisse et de la superstructure variait d’un maximum de 80 mm à 8 mm.
La différence était que l’Ausf.G utilisait 50 mm de blindage frontal avec 30 mm de blindage supplémentaire (soudé ou boulonné).
La plupart des chars Ausf.H construits ont reçu des plaques de blindage frontal de 80 mm d’épaisseur.

Avec les deux photos survivantes de ces véhicules, on peut voir qu’un véhicule n’avait même pas la plaque blindée du canon, qui était normalement utilisée avec cette arme.
Le deuxième véhicule a reçu un blindage à trois côtés assez simple, dont l’épaisseur est inconnue, mais probablement seulement quelques millimètres d’épaisseur
pour arrêter les balles de petit calibre ou les éclats d’obus.
L’arrière et le dessus sont complètement ouverts.


C’est le deuxième Karl Wilhelm Flakpanzer.
Il a un simple bouclier  à trois côtés. Le soldat à côté semble être un soldat américain, ce qui suggère qu’au moins un véhicule a été capturé intact.








L’armement
Ce véhicule était armé du canon antiaérien 2 cm Flakvierling 38.
Un canon antiaérien bien connu de la Seconde Guerre mondiale, il a été conçu par Mauser-Werke pour remplacer l’ancien Flak 30 de 2 cm et a été introduit en mai 1940.
Sa portée de tir effective était comprise entre 2 et 2,2 km, tandis que la portée horizontale maximale était de 5 782 m.
La cadence de tir maximale était de 1 680 à 1 920 tr/min, mais 700-800 tr/min était une cadence de tir opérationnelle plus appropriée.
L’élévation était de -10° à +100°.

Alors que le Flakvierling 38 de 2 cm était alimenté par des chargeurs de 20 cartouches, on ne sait pas combien de munitions étaient transportées à l’intérieur du véhicule.
Le canon lui-même avait une boîte à munitions spéciale dans sa base des deux côtés, où jusqu’à 8 chargeurs pouvaient être stockés et qui étaient facilement accessibles
par les deux chargeurs.
Cela signifiait qu’au moins 320 cartouches pouvaient être transportées autour de l’arme.
Étant donné que les râteliers de munitions internes de 7,5 cm étaient vides, le canon principal d’origine ayant été retiré, un espace supplémentaire aurait pu être utilisé
pour stocker plus de chargeurs à l’intérieur de la coque du véhicule.

Pour l’autodéfense, l’équipage avait à sa disposition une MG 34 avec 600 munitions et leurs armes personnelles, avec environ 3 150 cartouches,
ce qui était standard pour tous les Panzer IV à ce stade.

L’équipage
Afin d’utiliser efficacement le canon principal de ce véhicule, l’équipe de canon devait être composée d’un minimum de trois membres.
Ceux-ci comprenaient le tireur, positionné au centre, et deux chargeurs placés de chaque côté du canon.
Ces membres d’équipage ont été placés au sommet de la superstructure.
À l’intérieur du véhicule, le conducteur et l’opérateur radio (également l’opérateur de la mitrailleuse de la coque) étaient inchangés.
Selon les photographies survivantes, un commandant était également présent, agissant probablement comme un observateur supplémentaire
pour les cibles potentielles et dirigeant l’ensemble de l’opération.
Il est également probable qu’il ait également été positionné au sommet de la superstructure.

Logique et rationnel, bien dans l'esprit Teuton...

Au combat
On ne sait pas grand-chose de l’utilisation précise de ces véhicules par la 12e Panzerdivision SS.
L’une des premières mentions des actions de combat de ces Flakpanzer IV concerne le 14 juin près de Caen.
Ce matin-là, un officier de haut rang, le Sturmbannführer Hubert Meyer, accompagné de son chauffeur, le Rottenführer Helmut Schmieding, est allé examiner
les positions du 26e régiment de Panzer près du Haut du Bosq.
Sur le chemin du retour, ils ont été repérés par un avion d’attaque au sol allié, qui les a attaqués.
Bien qu’ils aient réussi à se mettre à couvert, l’avion ennemi a été engagé par le Flalpanzer IV modifié sur le terrain.
L’avion ennemi a été rapidement abattu par les tirs antiaériens intensifs.

Le 9 juillet, la 12e Panzerdivision SS livrait une bataille perdue d’avance pour Caen.
C’est l’une des dernières unités allemandes à abandonner la défense de Caen.
À ce stade, sa force de combat était considérablement réduite, composée de seulement 25 Panthers, 19 Panzer IV et quelques Flakpanzers restants.
On ne sait pas si les trois Panzer IV modifiés ont survécu jusqu’à présent, mais peu probable.

Au cours des actions en France en 1944, ces Flakpanzers ont été notés comme étant un système d’arme assez efficace.
Ils ont été crédités d’avoir abattu au moins 27 avions ennemis.
L’un des artilleurs de ces véhicules, le Sturmmann Richard Schwarzwälder, écrivit plus tard :
« ... Le 14 juin 1944, alors que vous étiez poursuivi par un chasseur-bombardier, j’avais déjà abattu sept avions et reçu la Croix de fer.
J’ai eu un total de 14 victoires... Au début de l’invasion, il était encore facile de les abattre, les gars volaient bas et étaient inexpérimentés.
Cependant, cela allait bientôt changer. .. ».


Le sort des trois Flakpanzer IV modifiés est inconnu.
Étant donné que les Allemands ont subi de grandes pertes à l’Ouest en 1944, il est suggéré que celles-ci ont probablement été perdues à un moment donné
de la campagne. Au moins un véhicule semble avoir été capturé intact après avoir été abandonné par les Allemands
(soit en panne, soit en panne ou en panne de carburant, ce qui était courant pour les Allemands à ce stade de la guerre).
Leur sort est inconnu, mais ils ont probablement été abandonné à un moment donné par les Alliés.

Ce qui restait de la division serait ramené en Allemagne pour être réarmé et récupéré.
En octobre 1944, afin de remplacer ses Flakpanzer perdus, elle reçut quatre Flakvierling 38 armés de 2 cm et quatre Flakpanzer IV de 3,7 cm.
Dans le cas du Flakpanzer armé de 2 cm, il s’agissait du nouveau Wirbelwind, qui à ce moment-là est entré en service en nombre limité.
Ironiquement, l’unité était armée du véhicule qu’elle a aidé à développer.


L’héritage de Karl Wilhelm Krause Flakpanzers

La conception du Flakpanzer de Karl Wilhelm Krause, bien qu’il s’agisse d’une simple improvisation, a grandement influencé le développement ultérieur du Flakpanzer IV.
Sur la base de ses travaux, un Flakpanzer IV amélioré équipé d’une tourelle à toit ouvert entièrement rotative armée de quatre Flakvierling 38 de 2 cm serait développé.
Il s’agissait du Flakpanzer IV 'Wirbelwind' (en anglais : Whirlwind), dont plus de 100 exemplaires ont été construits (le nombre précis est inconnu).
Ils se sont avérés très efficaces et ont servi jusqu’à la fin de la guerre.


Bien que considéré comme une conception généralement réussie, le Wirbelwind a été construit tout simplement trop tard pour avoir un effet sur l’issue de la guerre.




source
tanks-encyclopedia.com

Citation :

le Wirbelwind a été construit tout simplement trop tard pour avoir un effet sur l’issue de la guerre.

Comme moult engins, mais on retrouve leur influence sur beaucoup de matériels d'immédiat après-guerre, surtout à l'Est...