La Crimée n’est pas le mur de l’Atlantique.
Pour dire que si les combats y ont été très durs avec des phases de flux et de reflux, il en reste peu de traces en surface, bunkers et fortifications étant en terre et rondins.
Par contre, il y a nombre de stèles et de monuments.
Dans l’isthme de Parpatch (Pérépetch comme disent les ukrainiens, d’où au départ quelques difficultés de compréhension) d’une largeur de 18 km ouvrant la voie à la péninsule de Kertch, on trouve encore quelques casemates à demi-enterrés, ainsi que des lignes de tranchées et des entonnoirs de points d’appui (appelés « blindage » par les autochtones).
En 1942, Le général Kozlov y a fait là preuve d’une rare incompétence, « aidé » en cela par le délégué de la Stavka, Mekhlis, qui n’aura de cesse d’intervenir sur tous les niveaux de commandement.
Il disposait pour la défense de la péninsule de Kertch de 17 divisions d’infanterie, trois brigades autonomes, deux divisions de cavalerie et 4 brigades blindées.
Toutes ces unités étaient certes fatiguées après les combats du printemps, en sous-effectifs, et positionnées en dépit du bon sens.
En mai 1942, en 12 jours seulement, malgré une très dure défense des soviétiques, les allemands, en déstabilisant des défenses adverses sans profondeur, réussirent à capturer 170000 prisonniers, 1133 canons et 258 chars.
L’extrémité Est de la péninsule de Kertch est encore farcie de dépôts souterrains.
Leur localisation et neutralisation coûte cher, d’autant que Ukraine a peu de moyens, comparativement à son grand frère et voisin Russe.
Kertch était la base arrière de la 17ème armée tenant une tête de pont au Kouban.
Même après les désastres de l’hiver 1942/43, Hitler ne désespérait pas de reprendre l’offensive au printemps 43 ou plus tard contre les puits de pétrole du Caucase, si importants pour l’économie de guerre allemande.
Le maintien d’une tête de pont assurait aussi indirectement la défense de la Crimée, réduisant ainsi la possibilité pour la flotte soviétique de mener une opération en direction du Bosphore et les rivages bulgare et roumain.
Le commandement allemand du Kouban prépara de nombreuses lignes de résistance -dont la “Ligne Bleue” (Novorossiysk, Krimskaia, Plaventsky, le détroit de Kurka)- dans le dessein d’opposer une résistance sur le long terme avec des alignements intermédiaires.
Du 25 février au 9 octobre 1943, date du retrait définitif de la 17ème armée, les troupes allemandes et roumaines firent face à des violentes attaques terrestres soviétiques appuyées sur mer et dans les airs, ce qui explique la présence encore aujourd’hui des nombreux dépôts enterrés (pour se soustraire à la vue de l’aviation soviétique).
Le film « Croix de fer » avec James Coburn est censé se passer sur cette partie du front.
4 kms seulement séparent la Crimée du Kouban, et le nouveau président Victor Ianoukovitch a promis de construire en 2014 un pont reliant la Russie à la Crimée.
Autres « souvenirs » laissés par l’allemand, du béton sur la plage au sud-est de Koktebel.
Il ne s’agit pas de fortifications, mais de l’ébauche d’un port devant servir à exporter vers le Reich l’eau des nombreuses sources de Crimée.
L’issue des combats en aura décidé autrement, mais entre l’inaccessible pétrole du Caucase, le charbon du Donest et du Donbass (d’une composition ne convenant guère aux chaudières du Reich), le Tchernasium (terre noire d’Ukraine très fertile) dont Hitler fit venir symboliquement plusieurs trains en Prusse, l’eau de Crimée…, le Reich n’aura que peu profité des immenses ressources de l’U.R.S.S.
Sauf peut-être les millions de déportés ayant servi d’ouvriers esclaves dans les usines allemandes…