Ca va mal finir, Poutine se fâche !
L'Occident "veut en finir avec la Russie", martèle Vladimir Poutine
Les présidents russe et américain s'affrontent par discours interposés, alors que Joe Biden a effectué une visite surprise à Kiev lundi.
Le président russe Vladimir Poutine a promis mardi 21 février que la Russie atteindra des objectifs en Ukraine, tout en fustigeant un Occident qui menacerait l'existence même de la Russie.
"Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d'un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d'État de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous", a-t-il déclaré.
"Les élites de l'Occident ne cachent pas leur objectif : infliger une défaite stratégique à la Russie, c'est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toute", a-t-il martelé, dans une allocution intervenant trois jours avant le premier anniversaire de l'offensive russe.
"La responsabilité de l'attisement du conflit ukrainien et ses victimes (...) repose totalement sur les élites occidentales", a encore dit le président russe, répétant sa thèse selon laquelle l'Occident appuie des forces néo-nazies en Ukraine pour y consolider un Etat anti-russe.
Vladimir Poutine n'a cependant pas exposé de stratégie pour remporter le conflit en Ukraine, ni évoqué les pertes militaires russes, qui selon l'Ukraine et l'Occident sont abyssales.
Évoquant les sanctions internationales qui frappent la Russie, Vladimir Poutine a estimé que les Occidentaux "ne sont arrivés à rien et n'arriveront à rien", alors que l'économie russe a résisté mieux qu'anticipé par les experts.
"Nous avons assuré la stabilité de la situation économique, protégé les citoyens", a-t-il noté, estimant que l'Occident avait échoué à "déstabiliser notre société".
Selon lui, la baisse du PIB en 2022 de seulement 2,1% est un succès. Il a aussi assuré que l'inflation allait bientôt se stabiliser près de son objectif de 4% annuelle. S'adressant aux richissimes hommes d'affaires russes dont des biens, des yachts ou des comptes ont été saisis à l'étranger dans le cadre des sanctions, le président russe a souligné que "personne parmi les gens simples ne les plaint", rappelant comment une élite d'oligarques s'est enrichie à la chute de l'URSS.
Le président russe les a donc appelés au patriotisme économique : "Les sources de bien-être, de l'avenir doivent être ici, dans le pays natal, la Russie". "Investissez en Russie", a-t-il dit, "l'Etat et la société vous soutiendront".
Vladimir Poutine a aussi appelé à poursuivre les "traîtres" en Russie, en pleine répression de toute voix critique du Kremlin et du conflit en Ukraine, à coup d'arrestations et de lourdes peines de prison. "Ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi", a déclaré le président russe, lors d'un discours à la nation, avant d'assurer qu'il ne s'agissait pas pour autant d'une "chasse aux sorcières".
Occident, décadence, pédophilie...
Aucune voix critique du Kremlin n'est tolérée en Russie. Depuis le début de l'assaut contre l'Ukraine, toute critique de l'armée est passible de 15 ans de prison, et les rares figures de l'opposition à ne pas s'être exilées ont été incarcérées, à l'instar d'Ilia Iachine et de Vladimir Kara-Mourza. Mais de nombreux anonymes ont également été arrêtés pour avoir pris position contre le Kremlin. Des dizaines de milliers de Russes, peut-être des centaines de milliers, se sont en outre exilés depuis un an, craignant la répression ou d'être mobilisé sur le front.
Enfin, Vladimir Poutine, comme il le fait depuis plusieurs années, a de nouveau présenté l'Occident comme décadent, estimant que la pédophilie y était devenue une norme. "Regardez ce qu'ils font avec leurs propres peuples : la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu'à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme (...). Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels", a-t-il lancé dans son allocution.
Joe Biden prononcera lui aussi un discours, depuis Varsovie, en Pologne, au lendemain de sa visite surprise en Ukraine. "Vous entendrez dans le discours du président des messages qui résonneront certainement auprès du peuple américain" mais aussi "auprès de nos alliés et partenaires (...) et a
"Et je soupçonne que vous l'entendrez adresser des messages à Monsieur Poutine également, ainsi qu'au peuple russe", a-t-il ajouté. Depuis le château royal de Varsovie, il "fera clairement savoir que les États-Unis continueront à soutenir l'Ukraine (...) aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il insisté.
La Chine, alliée de Moscou, a appelé mardi à "promouvoir le dialogue" en Ukraine, se disant "très inquiète" du conflit qui "s'intensifie et devient même hors de contrôle".
"Nous continuerons à promouvoir le dialogue de paix (...) et travailler avec la communauté internationale pour promouvoir le dialogue et la consultation, répondre aux inquiétudes de toutes les parties et chercher la sécurité commune", a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang lors d'une conférence à Pékin. Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi est attendu mardi à Moscou, dernière étape d'une tournée européenne.
L'offensive russe, déclenchée il y a près d'un an mais devait être éclair, s'est rapidement enlisée et, dès le printemps 2022, M. Poutine a dû renoncer à prendre Kiev, retirant ses forces du nord de l'Ukraine. À la fin de l'été, face à une armée ukrainienne renforcée par une aide militaire occidentale très importante, les Russes ont dû abandonner le nord-est, puis en novembre la ville de Kherson dans le sud. Depuis, le front est largement stable, même si les forces russes ont redoublé leurs efforts dans l'est de l'Ukraine, notamment en vue de prendre la ville de Bakhmout, aujourd'hui largement détruite.
Les militaires russes ont enregistré de lourdes pertes, même si celles-ci n'ont pas été reconnues officiellement, et Moscou présente désormais la guerre comme un conflit par procuration orchestré par les Occidentaux contre la Russie.
Source : actu orange.