On assiste encore à quelques retombées de l’affaire Prigojine.
La campagne de propagande américaine qui prétend à tort que la Russie a été affaiblie par la mutinerie armée de Wagner se poursuit.
Tout en ne citant que des sources “occidentales” affiliées aux services de renseignement, le Washington Post titre que le statut de Poutine en tant qu’homme fort de la planète
est menacé par cette révolte.
Où se trouvent les preuves de cette affirmation ?
Le New York Times participe à une tentative inutile de semer la peur et le doute du côté russe :
Un général russe de haut rang était au courant de l’intention d’Evgeniy Prigojine de se rebeller contre la direction militaire de la Russie,
selon des fonctionnaires américains informés par les renseignements américains sur le sujet, ce qui a suscité des questions sur le soutien dont bénéficiait le chef mercenaire
dans les rangs les plus élevés.
Ces responsables ont indiqué qu’ils essayaient de savoir si le général Sergei Surovikin, l’ancien commandant russe en chef en Ukraine, avait aidé à planifier les actions
de Prigojine le week-end dernier, qui ont constitué la menace la plus spectaculaire pour le président Vladimir V. Poutine au cours de ses 23 années de pouvoir.
Le général Sergei Surovikin savait bien sûr qu’il se passait quelque chose avec Wagner.
Tous les dirigeants russes étaient au courant. L’ordre a manifestement été donné à tout le monde de se retirer et de laisser Prigojine faire ce qu’il avait prévu de faire.
Les gardes-frontières, la force de sécurité intérieure Rosguardia, la police et l’armée russe n’ont pris aucune mesure.
C’est inexplicable, à moins qu’il n’y ait eu un ordre venu de très haut pour reculer au lieu de chercher la bagarre.
L’objectif premier du président Poutine était d’éviter les pertes inutiles, ce qu’il a largement réussi à faire.
Une erreur de calcul s’est cependant produite.
Wagner disposait d’un système de défense aérienne mobile Pantsir-1 qui tentait de couvrir ses convois en route vers Moscou.
Plusieurs hélicoptères et un avion russes furent abattus lorsqu’ils s’en approchèrent de trop près. Il semble que les Pantsir aient été une surprise.
Pantsir-1
Wagner n’était pas censé les avoir :
Une source du ministère russe de la Défense rapporte que ni le ministère de la Défense ni l’usine de construction de machines de Toula “Scheglovsky Val” n’ont vendu
à Evgeny Prigozhin et à ses entreprises le système de missiles antiaériens Pantsir S-1 d’une valeur de plus de 14 000 000 $.
Les enquêteurs du GVSU de l’ICR et du SU du FSB tentent actuellement de déterminer comment le “Pantsir” s’est retrouvé en possession de l’organisation terroriste “
PMC Wagner” et si le gouverneur de la région de Toula, Alexei Dyumin, est impliqué dans cette affaire.
La source ci-dessus est pro-ukrainienne, il pourrait donc s’agir d’une autre fausse affirmation des services de renseignement, mais je pense qu’il y a une part de vérité.
Les défenses aériennes russes en Ukraine fonctionnent dans un environnement intégré où tous les systèmes, de la surveillance de la zone étendue et de la défense
à longue portée jusqu’aux Pantsirs à courte portée, sont intégrés.
Dans un tel système, il n’est pas logique de donner à Wagner ses propres défenses aériennes indépendantes.
C’est l’armée russe qui lui fournissait la couverture aérienne.
Dès que le Pantsir a été observé dans le convoi de Wagner, l’armée russe aurait dû fermer l’espace aérien à proximité de la route de Wagner.
Le fait qu’elle ne l’ait pas fait immédiatement est une erreur qui lui a coûté plusieurs pilotes compétents.
La question de savoir combien d’hommes travaillant pour Wagner étaient réellement impliquées dans l’affaire reste ouverte.
History Legend a compté le matériel de transport dans les différents convois et l’estime entre 1 500 et 2 000.
Ce chiffre semble raisonnable. Cela signifie qu’une grande majorité des 20 000 combattants wagnériens actuels n’ont pas pris part à l’affaire.
Dans son dernier discours, Poutine a déclaré que les activités de restauration de Prigojine avec l’armée, ainsi que ses autres activités,
allaient désormais être examinées de près. Il ne fait aucun doute que des surfacturations et des fraudes ont été commises.
Prigojine aurait dû savoir que sous le régime de Poutine, les oligarques ne sont pas autorisés à intervenir dans la politique.
Dès son arrivée au pouvoir, Poutine a combattu avec succès les oligarques qui tentaient de le faire.
La tentative de Prigojine de faire renvoyer le ministre de la défense Shoigu et le général Gerasimov était une telle intervention.
Cela lui coûtera probablement ses affaires.
source
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone