L’Ukraine revient à la charge pour obtenir des avions d’attaque A-10 Warthog américains.
Outre les chasseurs-bombardiers F-16 qu’elle réclama auprès de ses partenaires occidentaux peu après le début de l’invasion de son territoire par la Russie,
l’Ukraine évoqua aussi la possibilité d’obtenir pas moins d’une centaine d’avions d’attaque A-10 Warthog retirés du service par l’US Air Force.
C’est en effet ce qu’affirma Oleksii Reznikov, son désormais ex-ministre de la Défense, dans les pages du Washington Post, en décembre 2022.
Cette requête ukrainienne au sujet de l’A-10 Warthog, surnommé le « tueur de chars », avait été soutenue par des élus et d’anciens hauts responsables militaires américains,
dont le général Philip Breedlove, ancien commandant suprême des forces alliées en Europe [SACEUR].
Le président ukrainien [Volodymyr Zelensky] a « raison de demander davantage de puissance aérienne.
Il est nécessaire de ralentir ou d’arrêter les colonnes blindées russes. Les États-Unis disposent de l’arme la plus efficace pour cela : l’avion A-10 de l’US Air Force. […]
Il a été conçu pour opérer en Europe à partir d’installations sommaires. La conversion des pilotes sur cet appareil est facile.
Il suffit de peindre les cocardes ukrainiennes et de livrer ces avions. Cela pourrait être fait en quelques jours », fit valoir Everett Pyatt, un ancien secrétaire adjoint à l’US Navy,
dès le 2 mars 2022.
Pour rappel, conçu autour du canon Gatling de 30 mm GAU-8 Avenger, capable de tirer jusqu’à 3900 projectiles à la minute, l’A-10 Warthog peut emporter plus de 7 tonnes
de munitions, dont des bombes guidées, des roquettes Hydra-70 [ou Zuni] et des missiles AGM-65 Maverick.
En avril dernier, des essais ont permis de démontrer qu’il pouvait transporter jusqu’à 16 bombes GBU-39 Small-Diameter Bomb, une munition peu coûteuse pouvant frapper une cible
à plus de 70 km de distance.
Aussi, affichant une très grande maniabilité à faible vitesse et à basse altitude, l’A-10 est d’une efficacité redoutable contre les blindés ennemis.
Mais, après la fin de la Guerre Froide, il a surtout été utilisé pour des missions d’appui aérien [CAS – Close Air Support] menées au profit des troupes au sol,
dans le cadre d’opérations de contre-insurrection et de contre-terrorisme.
Quoi qu’il en soit, malgré les appels à livrer de tels avions à Kiev, le Pentagone resta inflexible, en disant qu’une telle demande n’avait « aucun sens » en raison de la vulnérabilité
de l’A-10 Warthog dans un environnement encore plus contesté que par le passé.
Et cela alors que, en mai 2022, il avait annoncé le déploiement de plusieurs appareils de ce type en Europe pour « fournir un soutien essentiel à la composante terrestre
d’une force interarmées » et « permettre aux forces américaines de projeter leur puissance dans des régions très disputées ».
Mais probablement que la réticence à fournir de tels avions était liée à la capacité de la force aérienne ukrainienne à les mettre en oeuvre…
Cela étant, les États-Unis étaient aussi réticents à autoriser certaines pays européens [Pays-Bas et Danemark notamment] à livrer leurs anciens F-16 à l’Ukraine.
Puis, en août dernier, ils ont fini par céder… Peut-il en aller de même pour les A-10 Warthog?
En tout cas, l’état-major ukrainien est revenu à la charge pour en obtenir.
Dans un entretien accordé à l’agence Reuters, le général Oleksandr Syrskyi, commandant des forces terrestres, a expliqué qu’il lui fallait davantage d’avions de combat,
comme des A-10 Warthog, afin de soutenir les unités d’infanterie. Et cela alors que le front est bloqué, la contre-offensive lancée par Kiev au printemps dernier n’ayant pas atteint
les objectifs qui lui avaient été assignés.
« Il ne s’agit pas d’un nouvel appareil, mais d’un appareil fiable, qui a fait ses preuves dans de nombreuses guerres et qui dispose d’un large éventail d’armes
pour détruire des cibles terrestres afin d’aider l’infanterie », a fait valoir le général Syrskyi au sujet de l’A-10 Warthog.
Il apporterait ainsi un « soutien crucial » à des troupes qui « tentent de prendre l’initiative face à un ennemi disposant de ressources importantes », a-t-il insisté,
avant d’estimer que des hélicoptères d’attaque, comme l’AH-64 Apache ou l’AH-1W Super Cobra [l’US Marine Corps a retiré ses derniers exemplaires en 2020, ndlr]
pourraient aussi « jouer un rôle important ».
Reste que cette nouvelle demande concernant l’A-10 Warthog risque de connaître le même sort que les précédentes étant donné qu’il n’est pas certain que
la force aérienne ukrainienne ait les ressources suffisantes [pilotes, techniciens, logistique] pour le mettre en oeuvre.
En outre, les États-Unis ne peuvent plus, pour le moment, fournir une nouvelle aide militaire à l’Ukraine, faute d’accord au Congrès pour débloquer de nouveaux fonds.
En attendant, la Loi d’autorisation de la Défense nationale [NDAA] adoptée en décembre autorise l’US Air Force à retirer du service 18 A-10 Warthog en 2024,
ce qui représente une réduction de 12% de sa flotte.
source
opex360.com