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| Le "général hiver": quelques réflexions... | |
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+4Daniel Laurent CM rougeau Pyrrhos 8 participants | Auteur | Message |
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Pyrrhos Stabsfeldwebel
Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Le "général hiver": quelques réflexions... Mer 11 Juin - 16:31 | |
| Bonjour,
Les rigueurs de l'hiver russe sont souvent retenues parmi les raisons expliquant la défaite allemande à l'Est. Or cette croyance ne semble pas résister à l'examen des faits. Ou tout du moins faut-il considérablement la nuancer.
Une observation rapide des rythmes de la guerre à l'Est semblerait confirmer l'impact de l'hiver sur l'équilibre des forces: été 1941: initiative allemande hiver 1941-42; initiative soviétique été 1942: initiative allemande hiver 1942-43: initiative soviétique été 1943: dernière grande offensive allemande
Ainsi la belle saison aurait permis à la Wehrmacht de faire jouer sa supériorité, alors que l'hiver aurait à chaque fois avantagé (et sauvé) l'Armée rouge.
Sauf que... On oublit certains détails qui contrarient cette démonstration:
1) L'arrivée de l'hiver en 1941 n'interrompit pas l'offensive allemande. Au contraire elle la relança dans un premier temps, après le quasi coup d'arrêt imposé par la raspoutitsa de l'automne. Tant que la Wehrmacht bénéficia d'une supériorité opérationnelle, elle poursuivit son attaque. Si elle s'arrête au début du mois de décembre, c'est tout simplement que, usé jusqu'à la corde, elle avait perdu son avantage face à un ennemi désormais plus nombreux, mieux ravitaillé, bien regroupé et sur le point de contre-attaquer.
2) Le principal succès de la Wehrmacht à l'Est en 1943 fut un succès hivernal: la contre-offensive Manstein à Kharkov. A nouveau, ce ne fut pas le temps, mais bien l'usure de l'attaquant qui offrit à son adversaire l'opportunité de reprendre l'initiative.
3) Les plus grands succès soviétiques après 1943 ne furent pas remportés en hiver mais bien à la belle saison. C'est tout particulièrement le cas de l'offensive en Biélorussie qui pulvérisa le Heeresgruppe Centre en juin 1944: le beau temps avantage aussi les Soviétiques !
Ainsi, pour l'essentiel du conflit, on ne peut guère affirmer que l'hiver fut systématiquement une saison désavantageuse pour la Wehrmacht. D'ailleurs celle-ci, si elle fut démunie face à ses rigueurs en 1941, équipa ses hommes et son matériel en conséquence après 1942.
Reste le problème de 1941 justement. On peut en effet argumenter que de toute façon l'échec de Barbarossa équivalait à une inéluctable défaite pour le Reich, et que l'hiver ayant joué un rôle dans cet échec, on peut légitimement attribuer au "général hiver" un rôle majeur dans la chute du IIIème Reich.
Mais est-il certain que l'hiver fut une cause majeure de l'échec de Barbarossa ?
Assurément, des conditions climatiques extrêmes constituent un handicap pour tout attaquant: les Soviétiques eux-mêmes en avaient fait l'expérience à leurs dépens durant la guerre de Finlande. De ce point de vue, l'arrivée de l'hiver contribua à user une Wehrmacht particulièrement vulnérable. Toutefois, il faut ajouter que les pluies de l'automne avaient au moins autant, voir sans doute davantage compromis Typhon. Et surtout, il y a plus important dans l'explication de l'échec allemand:
1) La progression allemande est allée au-delà des capacités logistiques de la Wehrmacht. Nul besoin d'évoquer l'hiver ici: la guerre en Libye ou bien la situation des Alliés en septembre 1944 montrent le même problème. Une armée dont le système logistique est dépassé s'arrête d'elle-même.
2) La supériorité numérique et matériel est désormais soviétique: l'Armée Rouge a réussi à surmonter ses pertes de l'été et elle dispose pour la défense de Moscou d'une masse de troupes plus que suffisante pour stopper la Wehrmacht. Pour avoir une chance de faire tomber la capitale soviétique, cette dernière aurait dû se trouver à ses abords avant les pluies d'automne afin de donner le dernier coup de rein juste après !
Conclusion: l'hiver a pesé sur l'échec de Typhon, comme toute météo défavorable à l'offensive (ex: boue). Ses rigueurs ont été d'autant plus éprouvantes pour la Wehrmacht que celle-ci était déjà au bout du rouleau logistiquement. Mais si l'Armée Rouge contre-attaqua cet hiver-là, ce ne fut pas la conséquence d'un climat plus avantageux pour elle, mais simplement du fait que, phénomène classique, l'attaquant ayant poussé au-delà de ses capacités, le défenseur bien regroupé voit l'initiative basculer en sa faveur. Encore plus révélateur: l'hiver gêna la contre-offensive soviétique ! Les Allemands tenant les localités, les combattants russes se retrouvaient souvent exposés à de redoutables nuits hivernales sans abris. L'hiver causa une souffrance extrême au combattant soviétique au même titre qu'à son adversaire allemand. Le précédent napoléonien et la focalisation sur les sources allemandes ont sans doute contribué à exagérer l'impact de l'hiver sur la défaite allemande à l'Est. La météo a eu un impact, mais pas aux dépens d'un seul camp, et pas d'une façon absolument décisive.
Dernière édition par Pyrrhos le Jeu 12 Juin - 0:02, édité 3 fois | |
| | | rougeau Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 606 Age : 65 Date d'inscription : 20/01/2007
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Mer 11 Juin - 19:40 | |
| Tout a fait d'accord,on n'a trop souvent présenté le Général Hivers comme le seul acteur des sursauts ou des victoires russes et le soldat russe comme étant plus resistant et mieux équiper que l'ennemi contre les conditions climatique,ce qui est une contre véritée. | |
| | | CM Generalleutnant
Nombre de messages : 372 Date d'inscription : 09/09/2007
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Mer 11 Juin - 21:58 | |
| Bravo, belle analyse ! Je me permettrai juste un bémol : l'été 1943 est principalement une offensive soviétique, planifiée à l'avance "en contre". Si la Stavka laisse les allemands frapper les premiers à Koursk, une grande offensive stratégique est préparée et va se dérouler à partir de mi-juillet jusqu'à l'automne (Manstein échouant à renouveler son "coup" de kharkov de l'hiver précédent). Mais cela reste un brillant exposé ! CM | |
| | | Pyrrhos Stabsfeldwebel
Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Jeu 12 Juin - 0:00 | |
| - CM a écrit:
Je me permettrai juste un bémol : l'été 1943 est principalement une offensive soviétique, planifiée à l'avance "en contre". Si la Stavka laisse les allemands frapper les premiers à Koursk, une grande offensive stratégique est préparée et va se dérouler à partir de mi-juillet jusqu'à l'automne (Manstein échouant à renouveler son "coup" de kharkov de l'hiver précédent).
Tout à fait. Mais justement on l'oublie souvent, ce qui crée l'illusion qu'une fois de plus l'été donna l'initiative à la Wehrmacht. Bien au contraire, l'Armée Rouge comptait bien profiter de la belle saison pour libérer l'Ukraine, l'acceptation d'une bataille défensive à Koursk n'étant qu'un effet de la prudence et de la sagesse récentes d'une Stavka soucieuse de ne pas rééditer les bourdes passées. | |
| | | Daniel Laurent General der infanterie
Nombre de messages : 432 Age : 71 Localisation : Francais de Bangkok Date d'inscription : 25/01/2008
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Ven 13 Juin - 9:05 | |
| Bonjour, Au sujet du manque d'equipement hiver de la Wehrmacht en 1941, le fait que la campagne a justement ete prevue d'etre terminee avant l'hiver a du jouer un role, non ? | |
| | | Pyrrhos Stabsfeldwebel
Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Ven 13 Juin - 13:09 | |
| - Daniel Laurent a écrit:
- Bonjour,
Au sujet du manque d'equipement hiver de la Wehrmacht en 1941, le fait que la campagne a justement ete prevue d'etre terminee avant l'hiver a du jouer un role, non ? En effet, et cela montre que, plus que la météo, c'est un défaut de conception de la campagne elle-même qui explique une partie des déboires de l'hiver. | |
| | | greg ace Generaloberst
Nombre de messages : 546 Age : 52 Localisation : CALAIS Date d'inscription : 10/02/2007
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Ven 13 Juin - 16:38 | |
| Oui, Hitler pensait que l'ours russe aurait été vaincu avant l'hiver et comme d'habitude c'est le trouffion qui paie! GREG. | |
| | | Pyrrhos Stabsfeldwebel
Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Ven 13 Juin - 22:12 | |
| - greg ace a écrit:
- Oui, Hitler pensait que l'ours russe aurait été vaincu avant l'hiver et comme d'habitude c'est le trouffion qui paie!
GREG. ...avec pour beaucoup, toutefois, leur consentement, au moins tacite... | |
| | | Panzer IV Obersleutnant
Nombre de messages : 217 Age : 35 Localisation : Sains Lez Marquion France Date d'inscription : 04/12/2008
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Lun 12 Jan - 15:57 | |
| le Général Hiver n'est qu'un des facteurs de l'arret allemand : comme expliquer ci-dessus, les allemand n'été pas préparer a affronter l'hiver russe en 1941(qui fut aussi plus précoce), de plus, les ligne de ravittaillement été très longue et vulnérable, enfin, l'arriver massif de troupes fraiches, vi les troupes allemande stopper. le Générale hiver n'agit quasiment plus en 1942, car les allemand sont en train de s'équiper (sur des sodat russe mort, ou des arriver de vétement d'allemagne...) voila pour moi. | |
| | | Kojédoub Obersleutnant
Nombre de messages : 222 Date d'inscription : 04/01/2009
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Dim 7 Fév - 20:57 | |
| - Panzer IV a écrit:
- le Général Hiver n'est qu'un des facteurs de l'arret allemand :
comme expliquer ci-dessus, les allemand n'été pas préparer a affronter l'hiver russe en 1941(qui fut aussi plus précoce) Un facateur très secondaire, quand on sait que l'hiver russe de 41 ne fut pas particulièrement précoce, ni même particulièrement froid. - 5.4°C en novembre - 13.8°C en décembre - 21,3°C en janvier 42. ...dans la région de Moscou Lat 56, Long 34. Il faut donc consulter les athmogrammes de la météo locale plutôt que les lamentations des généraux allemands. Le climat russe n'a jamais été un secrêt pour personne. Les grands froids (plusieurs jours à -35/40°C 10 jours en janvier) ont énormément géné toutefois... la contre-offensive soviétique ainsi que l'épais manteau neigeux devant Moscou. Bon post de Pyrrhos. Pour en finir avec les vieilles légendes... Cordialement | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28719 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Le "général hiver": quelques réflexions... Dim 7 Fév - 21:10 | |
| Exact, c'est ce que disent les mémoires des généraux ou des simples vétérans: "Les allemands devraient plutot remercier l'hiver d'avoir freiné le rythme de notre contre-offensive devant Moscou ..." (Joukov je crois)
Ou encore "Croyez vous qu'il nous était facile de faire monter des troupes et du ravitaillement vers le front dans des conditions hivernales, alors que le gros des infrastructures ferrovières était à l'Ouest de Moscou (ou de Stalingrad) ? ... " (Nadejda Ieriomtchenko, 51 ème armée ) | |
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