Les Panthers polonais dans l’insurrection de Varsovie 1944

Après la campagne de septembre 1939, la Pologne a été occupée et divisée entre l’Allemagne et l’Union soviétique.
Cependant, l’occupation n’a pas empêché le peuple polonais de poursuivre la lutte. Peu après l’occupation, l’Armée de l’Intérieur (en polonais : Armia Krajowa) a été créée,
un groupe de résistance clandestin.
Leur plus grand emploi serait l’insurrection de Varsovie qui a commencé le 1er août 1944 à 17 heures.
Les organisateurs du soulèvement espéraient que les Soviétiques, qui étaient près de Varsovie, les aideraient, mais l’Armée rouge s’arrêta à seulement 10 km de la ville.
Les premiers jours du soulèvement se sont plutôt bien déroulés pour l’Armée de l’Intérieur, surtout quand ils ont capturé deux chars de l’ennemi allemand.
Le soulèvement s’est tragiquement terminé le 2 octobre 1944 avec plus de cent mille civils morts et des milliers de soldats des deux côtés.
La ville a été rasée par les Allemands pour punir les Polonais qui se sont rebellés contre l’occupant.
La ville sera reconstruite après la guerre par un nouveau gouvernement communiste pro-soviétique.


Capture de 2 Panthers

Le Panther Ausf. G était le modèle le plus produit du célèbre Panzer V Panther.
On estime qu’environ 2 961 chars de ce type ont été construits.
Certains d’entre eux ont été utilisés par le 27e régiment de Panzer de la 19e Panzerdivision.
L’unité a été déplacée à Varsovie du front occidental et réapprovisionnée avec les tout nouveaux chars Panther Ausf.G.

Dans la matinée du 2 août, trois chars Panther Ausf.G se déplaçaient sans soutien de l’infanterie dans les rues suivantes; Górczewska, Młynarska, Smętna, Powązkowska
et la rue Okopowa, où le groupe de trois chars a été pris en embuscade par les rebelles polonais.
L’un des Panther a été brûlé par des cocktails Molotov lancés par la Résistance.
Cependant, l’équipage s’est échappé à temps et s’est déplacé vers un autre Panther. Ils ont tournés vers la rue Mirecki où le char a d’abord été attaqué avec des grenades à main,
puis avec une grenade n ° 82 communément appelée la « bombe Gammon ».
Il y a aussi une deuxième version de l’histoire.
Selon celle-ci, le char n’a pas été touché par un « Gammon » mais par un PIAT ( infanterie, antichar).
Quoi qu’il en soit, la tourelle du char a été endommagée, faisant une déviation violente du char hors de la rue et s’écrasant dans une maison en bois qui se trouvait à proximité.
Puis, finalement, le char et son équipage ont été capturés.
Les Allemands capturés ont accepté d’entraîner les Polonais à utiliser le char en échange de leur vie.
Le troisième char qui restait à Okopowa a également été endommagé par des grenades à main et immobilisé.
Son équipage s’est échappé et l’a laissé dans un état presque parfait.


Les rebelles polonais prennent le premier Panther dans la rue Okopowa le 4 août 1944




Sous le drapeau polonais
Comme les deux chars étaient en parfait état de fonctionnement, les rebelles ont décidé de résoudre les problèmes mécaniques et de les utiliser dans les combats urbains,
bien que cela n’ait été fait que le lendemain, le 3 août.
Dans le même temps, deux équipages ont été formés, avec 6 membres chacun. Le peloton blindé indépendant du bataillon Zośka
(en polonais : Samodzielny Pluton Pancerny Batalionu Zośka) est ainsi formé sous le commandement de Wacław Micuta.
Les équipages avaient 6 membres au lieu de 5 chez les allemands parce que les commandants de chars avaient également d’autres tâches de commandement en même temps.
Ainsi, les commandants voulaient que les chars soient pleinement opérationnels, même lorsqu’ils étaient liés à d’autres tâches.


Wacław Micuta (pseudonyme: Wacek) sur un panther capturé, quelque part près de la rue Okopowa.

Lorsque les travaux de réparation ont commencé, un Allemand capturé mis au travail pour réparer les chars a découvert que l’une des pompes à carburant du réservoir d essence
avait été endommagée. L’équipage n’a pas pu résoudre le problème jusqu’à ce que Jan Lumieński se présente.
C’était un mécanicien qualifié qui avait déjà travaillé dans une usine de chars allemande. Il a fait fonctionner le Panther capturé en fixant le filtre à air et en modifiant l’allumage.
Le Panther capturé a été utilisé soit dans la soirée du 3 août, soit aux premières heures du 4 août.
Ce panther polonais s’est déplacé dans une rue voisine pour tester son canon en détruisant un nid de mitrailleuses allemand qui était situé sur la tour de l’église Saint-Augustin.
La cible a été detruite avec deux tirs.

Pendant ce temps, le deuxième Panther était toujours coincé dans la maison en bois et les combattants polonais essayaient de le libérer.
Ils ont d’abord essayé de le remorquer en utilisant le premier Panther, mais cette tentative, malheureusement, a échoué parce que les chenilles glissaient sur le sol.
En fin de compte, les soldats polonais ont dû démonter la maison manuellement pour débloquer le char.





Le deuxième Panther avait un grand drapeau polonais peint à gauche et à droite de la tourelle. 'WP' a été peint en grandes lettres à l’arrière de la tourelle.
C’était l’abréviation de Wojsko Polskie (l’armée polonaise). Cela a été fait pour éviter les tirs amis parce que les Allemands ont également utilisé les chars Panthers Ausf.G
pendant l’insurrection de Varsovie. Source: odkrywca.pl
Lorsque le char a finalement été libéré, une inspection a été effectuée et il a été découvert que, comme le premier char, il n’avait que des dommages mineurs
et il a été décidé de le mettre également au combat. Cependant, il avait une plaque de tourelle arrière détruite et cela nécessitait une réparation.
Il a été réparé à un moment donné au cours des jours suivants.

Ces chars ont également reçu des surnoms:
le première Panther fut surnommée « Pudel » en l’honneur d’un officier, Tadeusz Tyczyński, mort au combat.
Cependant, l’équipage lui a donné le surnom non officiel de « Magda ».
L’autre était surnommé « Felek », cependant, il est également appelé dans la bibliographie moderne « WP » (l’abréviation de l’armée polonaise; Wojsko Polskie).


Le Panther "Pudel"




Le Panther 'Pudel'/'Magda' et des soldats du peloton blindé indépendant du bataillon Zośka près de la rue Okopowa.
De gauche à droite: Zdzisław Moszczeński « Ryk », inconnu, Jan Lumieński, Lumeński », Mieczysław Kijewski « Jordan », Jan Myszkowski Bagiński « Bajan » et Jan Zenka « Walek ».




Le Panther 'Felek' en cours de rénovation.
Le personnage clé de ce projet était Jan Lumieński (au milieu, il est également appelé à tort Jan Łuniewski) qui avait déjà travaillé avec des chars allemands).

Le Panther Pudel a vu l’action pour la deuxième fois lors de la libération de l’hôpital Sainte-Sophie, de l’attaque du camp de concentration de Gęsiówka
et du raid sur l’Académie de police. Le char a surtout prouvé son efficacité dans la libération du camp, où un seul soldat est mort.
Cependant, les deux autres actions ont été beaucoup plus sanglantes en raison d’une terrible erreur de coordination.

Le Panther Felek reçut l’ordre de soutenir l’attaque contre l’Académie de police qui était fortement fortifiée.
Cependant, le Panther capturé n’a pas reçu la permission d’ouvrir le feu avant que toute l’attaque ne soit en cours.
En raison de cette erreur, de nombreux soldats polonais ont été tués par des tirs de mitrailleuses avant même que le Panther n’arrive et ne renverse la tendance.
En fin de compte, l’opération a été couronnée de succès, bien qu’il s’agisse d’une victoire à la Pyrrhus en raison de pertes critiques.

Les deux Panthers sont de nouveau entrés en action le 8 août 1944 pour soutenir les troupes combattant les Allemands dans la rue Karolkowa.
Lorsque le Panther "pudel/'Magda' est arrivé de la rue Mirecki à Karolkowa, il a été touché par trois obus de char de 75 mm.
On ne sait pas ce qui a frappé le Panther, soit un Jagdpanzer 38 (t) ou un Panzer IV Ausf.H.
Le char a subi des dommages mineurs et certains membres de l’équipage ont été blessés.
Le véhicule a été réparé le 9 août et, le lendemain, il a detruit un Sd.Kfz. 263 8-Rad allemand.
Dans l’après-midi, le panther 'Pudel' a detruit un autre nid de mitrailleuses dans l’église Saint-Charles-Borromée.

Entre-temps, la situation dans la vieille ville était critique pour l’Armée de l’Intérieur.
De plus,le Panther 'Felek' a eu un problème avec une batterie et il a été décidé de détruire le char.
Les munitions du Felek ont été transférées sur le 'Pudel'.
Le 11 août,le 'Pudel' a engagé son dernier combat couvrant la contre-attaque polonaise, mais il a été endommagé et abandonné par l’équipage.
L’équipage décida de le detruire pour éviter la reprise du char par les Allemands.



Le Panther Pudel:
Le char était recouvert de divers insignes représentant la nation polonaise tels que le rectangle rouge-blanc-rouge et le lys des scouts.
Le Balkenkreuz allemand a été recouvert d’un cercle blanc.





Le Panther Felek:
Ce char avait deux grands drapeaux polonais peints sur le côté gauche de la tourelle pour éviter les tirs amis.
Contrairement au Pudel, le Balkenkreuz n’a pas été repeint.





source
tanks-encyclopedia.com

Plusieurs remarques:
- Un char mis hors de combat, même de façon limitée, voit souvent son équipage l'évacuer.
- Sa remise en service peut-être aisée en présence de mécanos expérimentés.
- Engager le combat en milieu urbain est compliqué, une "autorisation de tir" est nécessaire.

On retrouve des repliques dans les commemorations,je pense en Pologne..

Une histoire intéressante, merci pour ta recherche.

Je vais pinailler :la 1ère photo de maquette montre un modèle A, la 2ème, un modèle G.
Les deux chars étaient des modèles G...