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 Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé

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naga
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Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Empty
MessageSujet: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeDim 29 Nov - 1:43

C’est l’histoire d’une longue recherche contre l’oubli.
Alors qu’environ 270 soldats allemands attendent toujours une sépulture, l’emplacement du tunnel où ils sont morts pendant la Première guerre mondiale
est sur le point d’être découvert, comme le rapportent de récents articles du Monde ou encore de L’Union .


Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Craone10


Tout commence en le 4 mai 1917, le long du Chemin des Dames, à Craonne, dans l’Aisne.
Nous sommes alors en pleine guerre de 14-18, et, vers 10 h du matin, un obus de gros calibre français s’écrase sur l’entrée d’un abri secret de l’armée allemande.
Le bilan humain sera lourd. Près de 270 soldats allemands sont piégés dans ce tunnel creusé à 20 mètres de profondeur. L’entrée étant obstruée, l’air n’entre plus.
« C’était leur perte. Il n’y eut plus aucune arrivée d’air frais, et un sauvetage devenait alors quasi impossible », raconte le Journal régimentaire cité par Le Monde.
Certains soldats se suicident, d’autres agonisent en attendant la mort. Seuls trois soldats survivront.

Depuis, impossible de localiser avec précision ce tunnel, situé sur le plateau de Californie (rebaptisé Winterberg par les Allemands).
Impossible donc de rendre les corps aux familles et de donner une sépulture noble aux dizaines de soldats morts asphyxiés dans le tunnel. Les corps restent abandonnés.

L une des entree du tunnel Winterberg

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Tunnel10


Mais des recherches ont lieu pour résoudre ce mystère du tunnel de Winterberg. L’armée allemande se rend sur place des dizaines d’années plus tard.
Sans succès. Le tunnel n’est jamais retrouvé.
Avec ce mystère, s’envole l’espoir pour les familles de soldats d’offrir un jour une sépulture à ces hommes tombés au combat.
« Nous œuvrons pour l’histoire et la mémoire de ces gamins morts au front »

Mais pendant de longues années, la famille Malinowski fait tout pour combattre l’oubli. Au prix de longues heures de recherches, Alain Malinowski, conducteur de métro
habitant dans l’Aisne, puis ses deux fils Pierre et Erik, épluchent tous les documents possibles.
Plusieurs fois, ils se rendent sur place armés de pelles et de pioches.
Même s’ils ne disposent pas du droit de faire ces recherches, le père et ses deux fils réussissent à approcher l’entrée du tunnel.

Pour eux, qu’importe si les fouilles sont clandestines.
« Nous œuvrons pour l’histoire et la mémoire de ces gamins morts au front. Ces pauvres gars (des paysans, des ouvriers, des artisans, des commerçants, etc.)
n’avaient rien demandé à personne, a expliqué Pierre Malinowski à L’Union.
Ils se sont battus au-delà de ce qui était humainement faisable et n’ont même pas eu le droit à une tombe. Se dire qu’ils sont là, abandonnés quelque part, sans sépulture,
je ne le supporte pas. »

Une phrase d’un philosophe russe lui trotte en tête : « La guerre n’est pas terminée tant que le dernier soldat n’est pas enterré. »

« Nous avons mis au jour le Pompéi de la Grande Guerre »

L’année 2020 leur donne une série de bonnes nouvelles.
Le 1er janvier, la famille découvre grâce à l’aide d’une pelleteuse des objets de l’armée, un corps momifié… Pas de doute, le tunnel est tout proche.
« Nous avons mis au jour le Pompéi de la Grande Guerre », confie la famille Malinowski à L’Union.


zone de recherche dans les bois

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Tunnel11


Leur espoir est confirmé. Les autorités allemandes se rendent sur place et attestent que le tunnel existe bien.
Une campagne de fouilles est même prévue par l’armée allemande pour le printemps 2021.
De quoi éclaircir les derniers mystères de ce tunnel de la mort.


source
ouestfrance.fr


Dernière édition par naga le Dim 29 Nov - 1:53, édité 1 fois
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naga
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeDim 29 Nov - 1:48

En contrebas de cette butte, il ne reste rien de l’ancien village de Craonne, arasé pierre à pierre en mai 1917, les maisons enfoncées dans la terre par les volées d’obus
comme des clous sous les coups du marteau. Dans ce qui est devenu une épaisse forêt, parée de ses couleurs automnales, il faut un effort d’imagination et des photos d’époque
pour reconstituer les pentes pelées, plantées de sinistres bâtons calcinés qui avaient été des troncs d’arbre.
Pour deviner, aux ondoiements du sol dans les épais taillis, le décor lunaire, semé de cratères de bombes.
Pour renifler au lieu des senteurs de végétation, celles de la poudre, de l’acier en fusion et des corps en décomposition.
Au silence, seulement perturbé par le crissement des feuilles mortes, il faut arracher le fracas des explosions et les appels à l’aide des blessés.

1918

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Winter13


Ici, sur ce que les habitants appelaient avant la Grande Guerre le « plateau de Californie » et que les soldats allemands rebaptisèrent le « Winterberg »
en y creusant leurs défenses, les vagues d’assaut françaises se sont fait hacher par les mitrailleuses ennemies au printemps 1917.
Ce carnage fera naître un profond désespoir, qu’un poilu anonyme mettra en rimes dans la célèbre Chanson de Craonne.

« C’est à Craonne sur le plateau/
Qu’on doit laisser sa peau/
Car nous sommes tous des condamnés/
C’est nous les sacrifiés »


Dans les quatre années de la Grande Guerre, Alain Malinowski s’intéressait plus particulièrement à l’offensive du Chemin des Dames, lancée le 16 avril 1917.
Sans doute parce que cette boucherie, ordonnée par le général Nivelle et poursuivie jusqu’en juin avec une obstination criminelle,
cette tuerie qui a emporté autant de Français que d’Allemands, dans une comptabilité que les historiens peinent encore à mesurer
(officiellement, 200 000 hommes de chaque côté), porte en elle la quintessence et l’abîme de cette guerre, tissée de grandeur et d’absurdité.
Question de curiosité intellectuelle donc.
De proximité aussi : Alain Malinowski est un enfant du pays. Même quand il travaillait à Paris, il a toujours vécu dans l’Aisne, à Orainville, au milieu des champs de bataille
et des cimetières militaires, avec ce sentiment, hélas ! vérifié à chaque labour, de marcher sur des corps.
« J’étais passionné par cette histoire, comme beaucoup de gamins d’ici », explique celui qui est devenu maire de sa commune natale.
Depuis l’adolescence, il se voit parcourant les champs du coin, en quête d’objets militaires rendus à l’air libre par le soc des charrues, chaque trouvaille suscitant une exaltation
de chercheur d’or.

En 1995, pendant les grandes grèves dans les transports, ce taiseux n’a guère battu le pavé ou lanterné sur un piquet.
Il a laissé la rue à la colère sociale, lui préférant le calme studieux des archives de Vincennes. Cette année-là, au détour d’une boîte de documents, il déniche un précieux butin :
les plans de situation d’un tunnel allemand à Craonne, figurant sous le nom officiel de Haupt Tunnel.
La cache souterraine, large d’environ 5 mètres et longue de 260 mètres, servait d’abri, mais aussi de dépôt de munitions, envoyées ensuite en première ligne
grâce à des rails Decauville.
Elle avait été creusée dans le prolongement d’une « creute », un de ces trous de carrière mitant la colline, servant de refuges aux soldats quand ils n’étaient pas leurs tombeaux.
Alain Malinowski exulte : il est persuadé que l’endroit est bien celui qui est surnommé, dans les descriptions allemandes des combats, « tunnel du Winterberg ».


Dessin des 2 tunnels Winterberg en noir

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Craonn10


Ce nom charrie une histoire tragique. Il apparaît notamment, en caractères gothiques, dans le journal d’opération du 111e régiment d’infanterie de réserve.
Les soldats de ce régiment, originaires du pays de Bade, sont cantonnés à Craonne, quand l’armée française déclenche une offensive, le 4 mai 1917,
précédée au matin d’une intense préparation d’artillerie.
Terrés dans leur goulet, deux compagnies du 111e, environ 300 hommes, subissent les coups de boutoir des canons.
« Toute la montagne tremblait ; une pluie de sable descendait du plafond et, malgré une couverture de terrain épaisse de 20 mètres, on croyait à chaque instant
que le tunnel allait s’effondrer », raconte un officier dans le journal d’opération.

Un peu avant midi, ce même jour de printemps, un obus français de gros calibre, du 370 tiré par un canon de marine transporté sur place, frappe l’entrée du tunnel.
Il tue net les servants des deux mitrailleuses postées en sentinelle et en bouche l’ouverture. L’explosion enflamme en outre un stock de fusées éclairantes, de cartouches
et de grenades. Une épaisse fumée envahit la caverne.
Suivant les ordres d’un major, une trentaine d’hommes parviennent à s’échapper par une sortie de secours, en fait un simple boyau.


Le canon sur rail de 370mm francais tirant regulierement sur Craonne

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé 370frr11


Mais, dans la panique et à l’instigation d’un jeune officier, près de 270 hommes commettent l’erreur de se réfugier à l’arrière du tunnel.
Ils tentent de se protéger des émanations toxiques en se barricadant derrière un empilement de sacs de sable et de vêtements.
« C’était leur perte. Il n’y eut plus aucune arrivée d’air frais, et un sauvetage devenait alors quasi impossible », décrit le journal régimentaire.

Enterrés vivants, les hommes vont agoniser pendant plusieurs jours.
Au-dessus de leurs têtes, les combats sont acharnés. Attaques et contre-attaques se succèdent. Les Français finissent par conquérir la hauteur du plateau de Californie le 5 mai
et, de là, couvrent de leurs tirs la zone du tunnel, rendant tout secours impossible.
« Des commandos de pionniers ont bien tenté de pénétrer dans le tunnel, mais une progression en profondeur n’y était plus possible.
Ils ont donc pu sauver seulement quelques hommes », décrit le journal du régiment.

Il n’y aura que trois rescapés.
Parmi eux, un nommé K. Fisser, dont il reste le témoignage, écrit quelques années plus tard.
Pris au piège, au bord de l’étouffement, les hommes se juchent sur les épaules les uns des autres et tentent d’ouvrir une cheminée d’aération qui a été obstruée par un tir d’obus.
En vain. L’air manque de plus en plus. L’unique bouteille d’oxygène qu’ils possèdent ne tarde pas à être vide.
« Nous avons alors dû constater que l’oxygène était quasiment consommé puisque les lumières s’éteignaient. La chaleur aussi était insupportable ;
nous étions tous pris d’une soif de plus en plus forte. Notre existence devenait de plus en plus insupportable au fil des heures. »
Les soldats s’éclairent avec des lampes de poche, dont les piles s’épuisent jusqu’à les plonger dans une nuit complète.
« Des défaillances physiques et morales affectaient déjà les hommes, dont bon nombre étaient couchés au sol. La soif et la grande chaleur les faisaient de plus en plus souffrir,
et on était devenus vite incapables de prendre la moindre initiative. La dépression qui affecta les camarades était horrible à vivre.
C’était aussi insupportable que l’obscurité et les demandes répétées de secours. » Ils appellent leurs parents, leur femme, leurs enfants.

« Près de moi devait se trouver un groupe qui priait », poursuit Fisser, avant d’enchaîner : « La folie commença son jeu avec nous. Très lent était le combat entre la vie et la mort.
La langue me collait dans la bouche, j’avais l’impression que la folie commençait à me fermer la gorge.
Tout le monde réclamait constamment de l’eau, la plupart étaient dévêtus dans cet enfer, afin d’avoir ainsi un peu de soulagement – mais tout était vain. »

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naga
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeDim 29 Nov - 2:08

Des désespérés décident de précipiter la fin du calvaire et se suicident par balle ou en se tranchant les veines.
« On entendait alors dans notre tombeau des détonations lointaines. » A sa demande, Fisser donne un pistolet à son voisin, qui met fin à ses jours.
Il tente de faire de même, mais tombe inconscient avant d’avoir pressé la détente. Il se réveille, se maintient vivant en buvant son urine. Il perd la notion du temps.
Alors que la mort est proche, il perçoit le bruit des secours allemands, ténu puis plus fort, rassemble ses dernières forces pour crier.
« Des hommes se penchaient sur moi et me donnaient d’abord de l’eau à boire. » Le survivant est transporté sur une bâche de tente.
« Une fois à l’air libre, nous étions pris sous un violent tir, et mes porteurs ont dû s’aplatir au sol. Mais le destin a voulu que je sois sauvé. »

Ayant repris plus solidement le terrain en septembre 1917, les Allemands conduisent une exploration pour retrouver les corps, mais reculent devant l’odeur de putréfaction.
Et puis, à quoi bon s’échiner à sortir ces cadavres ? Toute la colline n’est plus qu’un vaste cimetière où reposent pêle-mêle des milliers d’hommes des deux camps.

Le plateau de Californie 1917

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Winter14


Les corps sont abandonnés là, pendant et après la guerre.
En 1935, lasse d’aligner les croix dans les nécropoles militaires, la France cesse officiellement les recherches des dépouilles mortelles.
Le tunnel n’a pas été trouvé et garde donc ses secrets.
Dans les années 1960, profitant du réchauffement des relations franco-allemandes, une équipe venue d’outre-Rhin explore bien le terrain, mais sans parvenir à se repérer
sur les lieux, tant la géographie a été bouleversée par les combats.
Le tunnel de Winterberg paraît dès lors introuvable. C’est à se demander s’il a vraiment existé…
« Tout cela est tombé dans l’oubli », résume Markus Klauer, 58 ans, un historien allemand et ancien militaire qui vit en France, où il mène des recherches sur cette période,
en liaison avec les autorités allemandes.


Alain Malinowski, lui, continue d’y croire dur comme fer, à cette histoire de tunnel.
« Je n’ai jamais douté que des gars étaient là. » Les plans retrouvés le confortent. Ce sépulcre devient pour l’agent de la RATP, devenu entre-temps retraité,
une obsession qui l’occupera durant quinze ans. Fort des plans en sa possession – précis jusque dans les courbes de niveau –, mais aussi d’autres documents dénichés,
notamment des descriptions recueillies lors des interrogatoires de soldats allemands faits prisonniers par l’armée française pendant ces journées indécises,
il multiplie calculs et triangulations.

Sur place, en 2009, il découvre un embranchement de chemins figurant sur une carte d’époque.
Cet indice a échappé au chamboulement de la zone. De là, il poursuit sa progression avec un décamètre fiché sur un bâton, parvient à un emplacement que rien ne distingue.
« Je le sentais. Je savais que j’étais tout près, que le tunnel était là, quelque part, sous mes pieds. »
C’est, il en est convaincu, une des découvertes les plus importantes depuis qu’au début des années 1970 ont été exhumés, au mont Cornillet (Marne),
600 corps d’Allemands pareillement enfermés vivants dans un tunnel.

Le chercheur amateur fait alors part de ses certitudes aux autorités. Il monte un dossier avec les plans et les témoignages.
En 2010, il traîne sur place des représentants de l’Office national des anciens combattants et du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge, une association privée,
chargée de retrouver tous les morts allemands dispersés sur les champs de bataille d’Europe.
Mais Alain Malinowski ne parvient pas à leur faire partager sa foi. Et puis, les investissements s’annoncent lourds pour un résultat improbable, lui rétorque-t-on.
Il s’obstine, écrit à Angela Merkel, le 20 juin 2010… Il lui fait part de sa conviction, se tient à la disposition de qui cela voudra bien intéresser. Aucune réponse.
C’est l’impasse.

Mais il est des hommes plus pugnaces encore qu’Alain Malinowski :
ses fils, Pierre et Erik. Leur père leur a transmis dès l’enfance son goût pour l’histoire. Erik, 30 ans aujourd’hui, se souvient l’avoir accompagné, pour la première fois,
à l’âge de 5 ans sur un ancien champ de bataille. A son tour, il s’est immergé dans les récits de la guerre des tranchées.
« La passion ne m’a jamais quitté », dit-il. Il passe désormais l’essentiel de ses loisirs à retourner le terrain du mont Sapigneul, autre lieu de terribles combats,
à la recherche de cartouches ou d’éclats de shrapnels, et plus encore de réminiscences de ce que vécurent ici des hommes.

L’aîné, Pierre, 33 ans, a suivi les mêmes rites initiatiques. S’il partage le goût immodéré de son père pour 14-18, il n’use pas exactement des mêmes méthodes.
Mettons qu’il n’a pas hérité du sens paternel de la légalité… Il s’est d’ailleurs taillé une solide réputation de flibustier dans le giron archéologique et au-delà.
Personnage au style très direct, dans la parole ou dans l’action, il agace les autorités en faisant fi des règles.
« Il est borderline, voire au-delà de la limite, résume Yves Desfossés, archéologue de la direction régionale des affaires culturelles, chargé de mission « conflits contemporains »
pour les Hauts-de-France et le Grand-Est. Il se fixe un but et va s’affranchir des contraintes, notamment administratives pour y parvenir. »

Pierre Malinowski

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Malino10


La loi punit les fouilles clandestines et assimile à une violation de sépulture le fait de déterrer un corps, fut-il laissé à l’abandon dans un champ ou un bois.
Et ça, Pierre Malinowski ne peut s’y résoudre. « Ces hommes n’étaient pas des militaires professionnels mais des pauvres gars, des paysans, des ouvriers, des artisans,
des commerçants qui n’avaient rien demandé à personne, affirme-t-il. Ils se sont battus au-delà de ce qui était humainement faisable et n’ont même pas eu le droit à une tombe.
Se dire qu’ils sont là, abandonnés quelque part, sans sépulture, je ne le supporte pas. »

Alors, le corsaire flirte avec les interdits. Il appelle parfois Yves Desfossés pour lui annoncer avoir déterré un corps, et que les autorités n’ont donc plus qu’à venir le chercher
pour l’inhumer dignement. « Il me dit qu’il a fait sa découverte fortuitement mais ce fortuitement est assez léger », précise l’archéologue officiel.
Surtout quand la dépouille en question se trouvait à plusieurs mètres sous terre… Dire si les relations entre les deux hommes oscillent entre courroux et admiration.
Un jour que Pierre Malinowski avait poussé le bouchon un peu loin, Yves Desfossés a bien été obligé d’ouvrir une procédure contre lui.
Mais celle-ci a été arrêtée en plus haut lieu…

Car si son parcours s’écarte des canons académiques, Pierre Malinowski a le bras long.
Titulaire d’un simple brevet des collèges mais nanti d’une faconde illimitée, cet ancien légionnaire fricote depuis ses vingt ans avec l’extrême droite française
et avec les aréopages poutiniens de Moscou, où il vit une partie de l’année. Il dispose depuis peu de ses entrées à la présidence de la République française, tentant de jouer
les bons offices entre le Kremlin et l’Elysée.

Mais Pierre Malinowski n’a jamais oublié le Chemin des Dames.
La nuit de Noël, assure-t-il, il se rend sur le champ de bataille et allume des lanternes chinoises qu’il lâche dans le ciel de l’Aisne en hommage à tous ces hommes morts
dans l’anonymat. Avec les années, il a réuni autour de lui une bande d’amis et de passionnés de la Grande Guerre, prêts comme lui à défier la légalité pour faire rendre à la terre l
es pans de mémoire qu’elle a enfouis.

En 2019, cela fait près de dix ans que son père se heurte au scepticisme sur le tunnel. Erik a pourtant recalculé avec certitude, grâce à des coordonnées GPS,
l’emplacement et la hauteur de l’entrée. Il ne reste plus qu’à creuser…
Alors, à l’hiver 2019-2020, Pierre décide d’en avoir le cœur net, quitte à s’affranchir une fois encore des protocoles. Il monte une véritable opération commando,
dans la nuit du 22 au 23 décembre.
Cette première expédition, menée à la pelle et à la pioche, ne donne rien. L’équipe revient sur place dans la nuit du 1er au 2 janvier, avec des moyens supplémentaires.
Dans le plus grand secret, elle achemine cette fois une pelleteuse transportée sur un semi-remorque…
L’excavation débute vers 22 heures, à la lumière des lampes frontales et sous une pluie glaciale.

Après quelques coups de godet, les francs-tireurs mettent au jour les étais noircis par l’explosion de l’obus.
Pierre Malinowski, Jonas Berteau, un ancien légionnaire lui aussi, et Jérôme Rigaut ont vite fait de déblayer l’entrée à la pelle.
L’équipe découvre alors deux mitrailleuses MG08 et deux corps de servants, trois cents cartouches de masque à gaz, des éléments du poste de télégraphie, des baïonnettes intactes,
un couteau neuf et un fusil étonnamment conservé, la cloche placée à l’entrée du tunnel, les rails Decauville transportant les munitions…
« Plus on avançait, plus on trouvait d’artefacts, se souvient Stéphane Pumilia, 46 ans. On vivait à un siècle de distance le récit des survivants. Rien n’avait bougé, comme à Pompéi. »

L’équipe filme et photographie sa progression, ponctuée d’exclamations à chaque nouvelle découverte.
Après quelques mètres à creuser dans un sol sablonneux qui menace de les ensevelir, ils stoppent leurs fouilles.
« On avait ce qu’on voulait, la confirmation à 100 % que c’était bien là le tunnel de Winterberg, raconte Pierre Malinowski.
Ensuite, on a tout rebouché et on est reparti vers 3 h 30. »
Le fils réveille son père pour lui annoncer la nouvelle. « J’ai eu une certaine fierté », dit le père. « Il a pleuré », assure le fils.

Comme d’habitude, Pierre Malinowski met les autorités devant le fait accompli dans les semaines suivantes.
Une réunion franco-allemande est organisée sur place, à laquelle participent Yves Desfossés et Markus Klauer. Est également présent un représentant du VDK,
qui missionne discrètement, en plein mois d’août, une entreprise spécialisée munie d’un équipement radar.
Leurs appareils confirment que le tunnel est bien là, dont la partie antérieure semble être restée intacte. Le rapport d’expertise est en cours de finalisation.
Son résultat devrait être rendu public prochainement. Sollicité, le VDK n’a pas répondu aux demandes du Monde.
La Bundeswehr pourrait débuter la campagne de fouilles au printemps prochain. Allemands et Français discutent déjà de la procédure, les premiers étant surtout intéressés
à retrouver au plus vite les corps, les seconds estimant nécessaire de prendre le temps de conduire un travail archéologique en bonne et due forme.

Les Malinowski, eux, ne sont guère tenus informés des suites. « Tout va se faire sans nous. Je suis toujours le pestiféré », constate Pierre Malinowski.
Persuadé que les vivants peuvent rapprocher les morts, il rêve cependant que ce lieu puisse devenir l’objet d’une rencontre symbolique entre Angela Merkel
et Emmanuel Macron. Alain, son père, espère pour sa part qu’on le laissera pénétrer un jour dans ce tunnel qui fait partie de sa vie depuis tant d’années.
Sur son écran d’ordinateur, il parcourt un site allemand recensant 186 soldats du 111e RIR portés disparus les 4 et 5 mai 1917 à Craonne.
Otto Lay, Josef Maier, August Oehler, Aloïs Riehle, Friedrich Schlechter… Ces hommes attendent depuis plus d’un siècle dans le tunnel de Winterberg qu’on les sorte enfin
de ce tombeau.

Par Benoît Hopquin (Craonne, Aisne)


source
cvitrolles.wordpress.com

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vania
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeDim 29 Nov - 11:09

Citation :
« Tout va se faire sans nous. Je suis toujours le pestiféré »
L'administration dans toute sa splendeur. Evil or Very Mad
Une bien triste histoire, comme il a du y en avoir des dizaines. Rolling Eyes
Espérons qu'on sorte ces malheureux de là, et qu'on leur donne une sépulture décente...
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naga
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeDim 29 Nov - 12:32

Precisions

Un seul obusier de 370mm Batignolles de l'ALVF a tiré sur le Winterberg Tunnel .
Cet obusier était en batterie à l'extrémité du cul de sac du garage ALVF de Romain où une plateforme a été hâtivement installée fin avril 1917
pour être en mesure de tirer sur le plateau de Californie pres de Craonne.


Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé 370mm_11


Aide et reglage du tir de la piece 370mm sur le tunnel de Winterberg par l'escadrille BR 210 le 4 mai 1917.

A l'origine, la R 210 était une escadrille d'artillerie. Elle va reprendre du service dans ce rôle et mise à disposition de l'ALGP. Le 26 mars 1917,
le Général Fetter commandant l'artillerie de la 5ème Armée et le Lcl Kaiser, commandant l'ALGP de cette grande unité rendent visite à l'escadrille.
Ils se font présenter l'unité et expliquent ce qu'ils attendent des missions qui vont être exécutées.
Dans un but d'efficacité, les observateurs ont été intégrés aux différents batteries et se sont entendus avec leurs commandants, les officiers d'antenne,
sur les méthodes à emplyer pour les réglages. Il a fallu tenir compte des différents calibres, de la rapidité des tirs, de la facilité de l'observation des coups.
Il faut préciser que cette harmonisation n'est pas de tout repos en raison du matériel très disparate qui équipe l'ALGP, celà va du 14 cm de Marine à l'obusier de 400 mm
dont on peut suivre l'obus depuis sa sortie du tube jusqu'au point de chute.

L'escadrille sera chargée de régler 27 positions de pièces ou batteries réparties sur un front allant de Craonne à la Pompelle.
Ces éléments sont scindés en 2 groupements principaux, Nord et Sud de l'Aisne, eux-même divisés en deux sous-groupements dont les PC sont à Beaurieux et Guyencourt
pour le groupement Nord, et Trigny et Reims pour le Sud.

Au 1er avril, l'escadrille C 210 comptait :
10 avions de réglage Caudron R 4, Letord 1, Sopwith 2A2, tous équipés d'une TSF.
un Nieuport 23 équipé d'une TSF.
deux Farman F 42 (réservés aux missions de nuit.)


Caudron R 4

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé C15


Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Caudro10



Ordre général n° 175 de la 5ème armée en date du 5 mai 1917.
Le général commandant la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée :

Slt Roger Buvry, observateur de l'escadrille R 210 :
" Offcier observateur plein d'allant. A réussi pendant la période du 1er avril au 20 mai 1917 de nombreux réglages de tir à grande distance dans des circonstances très difficiles
en raison du mauvais temps et de la présence d'avions ennemis, n'hésitant pas à survoler très bas l'objectif et livrant de nombreux combats au cours desquels
il força toujours les adversaires à la retraite."

Ltt Emile Jansen, observateur de l'escadrille R 210 :
" Officier observateur d'un courage à toute épreuve et d'une sûreté de coup d'oeil remarquable. A réussi parfaitement un très grand nombre de réglages de tir.
Pendant la période du 1er au 20 avril 1917, dans des circonstances rendues très difficiles par le mauvais temps et la présence d'avions ennemis, a mené à bien plusieurs tirs
à grande distance dont un notammenet sur une batterie de gros calibre qu'il aréduit au silence.
A livré de nombreux combats au cours desquels un avion ennemi a été abattu."


Photo aerienne de l entree du Tunnel Winterberg Avril 2017

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé 053_cr10


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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeDim 29 Nov - 12:47

D autres sources sur les bombardements sur le Winterberg Tunnel.

-le 2 mai 1917: 60 obus (dont 20 de perforation) tirés par un obusier ALVF de 370 modèle 1915.
-le 3 mai 1917: 30 obus (dont 3 de perforation) tirés par un obusier ALVF de 370 modèle 1915.
-le 4 mai 1917: 40 obus tirés par un mortier de 370 Filloux.
-le 5 mai 1917: 10 obus tirés par un mortier de 370 Filloux (plus 9 tirés un peu plus loin au nord des entrées).

Mortier de 370 Filloux

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Mortie10


Au plan technique, la conception des tirs effectués sur la zone du tunnel et de ses entrées est proche de ceux effectués en Champagne sur le Tunnel du Mont Cornillet
mais les renseignements précis manquaient sur le tracé des tunnels et la position exacte des entrées.
En effet, l'obusier de 370 (obus de 710 kg) est presque aussi puissant que l'obusier de 400 (obus de 890 kg), les vitesses initiales sont comparables
ainsi que les angles de chute et les capacités de perforation.

Le mortier de 370 Filloux (obus de 413 à 540 kg) est également une bouche à feu puissante dont les projectiles ont une grande capacité de perforation.
Dans les deux cas, les obus à très forte charge d'explosif à amorçage de tête servent au réglage, à la destruction en surface et aux ébranlements des ouvrages
tandis que les obus à fusée de culot retardée ont une action souterraine très puissante et peuvent perforer plus de 10 à 12 mètres de terre
avant de détoner en profondeur ce qui cause des écrasements de galerie et des effondrements souterrains.


source
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeDim 29 Nov - 13:02

Le RIR 111 allemand dans la bataille défensive de l’Aisne ( Winterberg) mai 1917

Début mai le tir de l’artillerie ennemie (francaise) devenait de plus en plus fort. En particulier la hauteur du Winterberg et son versant nord furent arrosés de calibres lourds.
Tout ce qui s’y trouvait comme abris fut bientôt enfoncé. En effet, le sol sableux n’offrait que peu de résistance, et certains groupes ainsi que des équipes de mitrailleurs
y furent ensevelis avec leurs armes.
Les 5ème et 6ème compagnies ont ainsi subi de lourdes pertes dans la Wanka-Linie et la Winterberg-Linie, et le chef de la 5ème compagnie, le sous-lieutenant Meichelt fut tué.
Il fallait donc remplacer le 3 mai les deux compagnies par la 12ème. Celle-ci s’efforça, ensemble avec des fractions des 10ème et 11ème compagnies,
en peinant beaucoup, de transformer les entonnoirs d’obus en ligne de défense et d’y créer des abris.
Les 5ème et 6èmes compagnies furent placées comme réserve du régiment dans des galeries du Pionierweg.
L’entrée nord du Winterberg fut systématiquement visé par l’ennemi avec l’aide de son aviation et de ballons captifs.

Au cours de ces bombardements l’Etat Major du régiment perdit deux de ses meilleurs hommes qui avaient appartenu au 111ème depuis le début de la guerre.
Le 3 mai tombaient à l’entrée le sous-lieutenant Zwiffelhoffer, chef des grands bagages, et nommé responsable du service des transmissions, ainsi que l’aspirant Knöpfle
qui avait accompagné le commandant et son aide de camp pendant de nombreuses missions dangereuses.
Très sérieux était le fait que les cheminées d’aération s’effondraient. Ainsi le séjour dans le tunnel devenaient de plus en plus difficile à supporter car la qualité de l’air
s’y détériora rapidement et la chaleur devint insupportable. Les deux groupes électriques en service n’ont pas pu offrir une amélioration substantielle.
Comme il n’était plus possible de séjourner plus longtemps dans la partie arrière du tunnel, il fallait regrouper les occupants dans la partie avant,
la plus proche de la sortie. Les hommes y gisaient au sol ou sur les lits dans une poussière très dense et à moitié morts de faim, le plus souvent sans vareuse ni chemise
- malgré l’alarme permanente.

Le 3 mai le 2e bataillon remarqua des rassemblements dans la position ennemie qui purent être dispersés par des tirs destructifs et de barrage.
Des tentatives d’approche des Français furent repoussées sans exception.
Après une nuit relativement calme débuta, le 4 mai à 10 heures du matin, un tir très violent dirigé par des avions, en particulier contre le Winterberg et son tunnel.
La montagne tremblait sous les détonations, et les États-majors et les compagnies très affectés par le manque d’air et par la poussière, pensaient à chaque instant
que le tunnel allait céder. Mais la couverture de terrain épaisse de 20 mètres environ résistait au bombardement.
Néanmoins, un destin cruel avait choisi le Winterberg pour devenir la tombe de nombreux hommes du 111e.


La voie ferree entrant dans le tunnel Winterberg

Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Winter15


En effet, à 11 heures 45, l’entrée principale nord fut touchée et comprimée par un obus de très gros calibre.
Par malheur on y avait stocké des cartouches et des fusées éclairantes qui ne tardaient de brûler. La fumée mélangée de gaz toxiques se propagea vers l’intérieur
et menaça les occupants ( essentiellement des 10e et 11e compagnies) d’étouffement.
Plusieurs hommes perdaient déjà conscience. Une tentative pour dégager l’entrée échoua. Le major Schüler reconnut le danger.
Il se rendit immédiatement vers le centre du tunnel plongé dans l’obscurité car il était tellement rempli de fumée qu’aucune lumière ne put y pénétrer.
Il ordonna aux occupants de quitter sur le champ le tunnel par les sorties de secours et de se rassembler au PC de combat du 1er bataillon.
Cet ordre devait être transmis de bouche à oreille dans le souterrain.

Le commandant du régiment, celui du 3e bataillon et leurs états-majors ont pu franchir le verrou de feu.
Mais à l’extérieur ils ont attendu en vain leurs compagnies. Seulement trente hommes de celles-ci ont encore pu sortir. Où étaient les autres?
Apparemment l’ordre d’évacuation n’avait pas été transmis dans la bousculade et le chaos qui régnaient dans le tunnel.
Les hommes se serraient devant les étroites sorties de secours. Un jeune officier de minenwerfer croyait alors pouvoir neutraliser le danger en protégeant les occupants
contre la fumée toxique dans la partie AR du tunnel, par une obstruction faite de sacs de sable.
Tout le monde se rouait alors vers cette direction. Mais c’était leur perte. Il n’y eut plus aucune arrivée d’air frais, et un sauvetage devenait alors quasi impossible.
Des commandos de pionniers ont bien tenté de pénétrer dans le tunnel, mais une progression en profondeur n’y était plus possible.
Ils ont donc pu sauver seulement quelques hommes. Ils rapportèrent surtout des récits d’énormes souffrances et de la mort horrible des occupants.
Bien des hommes se sont même suicidés pour mettre fin à leur calvaire. Ce qui s’est réellement passé dans les profondeurs du tunnel dans l’après-midi du 4 mai
restera toujours inconnu.

Pour le régiment cette perte d’effectifs devait se révéler lourde de conséquences pendant les heures critiques.
L’objectif principal était maintenant de trouver un nouvel appui pour le flanc dr menacé. La brigade fut sollicitée pour envoyer des renforts.
Dans l’immédiat, les restes des 5e et 6e compagnies devaient constituer un détachement pour la défense de la soudure.
Elles devaient gagner les Wanka-Linie et Winterberg-Linie où devaient se trouver encore des fractions des 10e et 12e compagnies.
Mais le bombardement s’intensifia tellement dans la soirée que seulement quatre groupes de la 5e compagnie avec trois mitrailleuses ont pu atteindre la hauteur
pour s’y placer sous les ordres du sous-lieutenant Schweizer ( 12e compagnie). De l’arrière n’arrivaient plus d’autres renforts.

De la ligne du front on ne disposa plus d’aucune nouvelle car toutes les liaisons étaient interrompues malgré le travail ininterrompu des détachements de dépannage.
L’observation confirmait que la position tout comme l’arrière-pays étaient soumis à un violent tir d’artillerie.
Parfois celui-ci diminuait et les mitrailleuses arrosaient nos tranchées. Les occupants des tranchées croyaient plusieurs fois que l’attaque allait se déclencher
et des fractions quittaient déjà leurs abris - pour se trouver seulement sous une nouvelle pluie d’obus.
Ainsi passaient des heures et des heures dans l’inquiétude. L’infiltration française n’osa attaquer qu’à 20 heures 30, après un nouveau feu roulant dévastateur.
Elle disposait, face à la limite entre RIR 111 et le régiment Franz, d’une position de départ trop favorable pour risquer un échec de son assaut.
Ils prenaient ainsi de flanc et à revers les 7e, 8e et 1ère compagnies dont les hommes se trouvaient serrés dans les rares abris ( en partie gazés)
dont les entrée étaient plus ou moins démolies. Ces hommes n’ont guère eu le temps pour se défendre. Lorsqu’ils quittaient précipitamment les abris sur l’appel de sentinelles
afin d’occuper les entonnoirs les plus proches, ils devaient constater qu’en attendant, les Français étaient déjà arrivés par la gauche ? en longeant la tranchée,
et aussi par derrière en descendant le versant de la montagne.

Les compagnies aguerries par bien des batailles et conduites par des chefs expérimentés, se sont défendues dans la mesure de leurs possibilités
et elles ont même tenté de contre-attaquer.
Par exemple la 1ère compagnie est ainsi sortie du “Greiner-Stollen” ( tunnel G.), et elle a réussi d’y mettre en place une mitrailleuse.
Attaquée de trois côtés à la fois elle n’a pas pu se maintenir face au surnombre. Ceux qui n’étaient pas tombés, furent faits prisonniers.
Au début le PC du bataillon n’avait pas été découvert par les Français. L’Etat-Major du 2e bataillon se croyait déjà sauvé en attendant un dégagement prochain
par une contre- attaque allemande.
Mais le 5 mai entre 2 et 3 heures du matin, des groupes de fantassins français faisaient leur apparition à l’entrée de la galerie et y jetaient des grenades à main.
Ainsi le capitaine Räuber et ses hommes furent capturés.


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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeLun 30 Nov - 11:33

Redoutable artillerie Française. Shocked
Le flippe que ça devait être d'entrer se protéger dans ces tunnels.
On évite les coups directs certes, mais on y reste des heures voire des jours, dans l'obscurité et la promiscuité, et une fois dedans on est pas sûr de jamais pouvoir en ressortir... scratch
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeLun 30 Nov - 12:30

Dans le Winterberg - Tunnel pendant la catastrophe
( par l’aspirant Brinks, compagnie des mitrailleuses)

Le 4 mai 1917 au matin je reçus l’ordre suivant :
“ Le sous-officier Brinks relève le chef de la section des mitrailleurs de réserve, l’aspirant Wachowski, dans le Winterberg-Tunnel.
Wachowski doit se présenter au bureau de la compagnie”. Je me mettais en route, j’arrivais indemne au Winterberg-Tunnel et je me présentais au chef de compagnie.
Puis j’allais voir le chef de section pour lui communiquer l’ordre reçu. Mais l’aspirant Wachowski ne voulait pas partir immédiatement, il disait :
“ J’irai ce soir avec les cuisines roulantes”.

L’artillerie française bombardait violemment le versant et la vallée. Wachowski m’informa du rôle confié à la section des mitrailleurs de réserve,
et il voulait me montrer aussi le coucher. Nous sommes donc allés dans le tunnel. Devant l’entrée il y avait une sentinelle de l’infiltration.
A droite derrière l’entrée se trouvaient les deux mitrailleuses, l’une derrière l’autre, afin d’être immédiatement disponibles en cas d’attaque ennemie.
A gauche il y avait un poste de signaux lumineux. Du même côté se trouvait une pile de caisses de cartouches, de grenades à main et de fusées éclairantes.
Peu après on trouvait la galerie latérale qui conduisait vers les PC du régiment.
Après cette galerie on avait placé des lits. La circulation se faisait sur le côté droit.
Wachowski me désignait mon lit et j’y déposais mon sac. Mais j’étais pris d’un étrange sentiment d’insécurité, et je disais donc à Wachowski :
” Je vais retourner vers l’entrée.” Ainsi je me rendais aussi vite que possible vers l’entrée afin de respirer un peu d’air frais.
A l’extérieur je remarquais un avion ennemi qui tournait au-dessus du tunnel. Tout le temps l’artillerie ennemie envoyait des obus lourds à retardement sur le tunnel.
A chaque détonation le tunnel vibrait. Les explosions approchaient de l’entrée. Ah, pensais-je, ce sont des tirs dirigés par avion!

Vers 11 heures 30 les obus explosaient déjà tout près de l’entrée de sorte qu’à chaque impact il fallait regagner le souterrain.
Je conseillais aussi à la sentinelle devant l’entrée de se mettre en sécurité à temps. Une nouvelle fois j’étais sorti lorsque j’entendis un gros obus arriver.
Mais soudainement le bruit cessait, je me précipitais vers l’intérieur, et déjà l’obus touchait l’entrée et la comprimait totalement.
Que faire? Je me rendais immédiatement, par la galerie latérale, jusqu’au PC du régiment et je rendais compte à mon chef de compagnie de la situation.
Nous partions vers l’endroit de l’explosion suivis de quelques officiers. On ne voyait plus rien de la sentinelle, ni des hommes de transmission; aucune trace non plus des munitions
ni des mitrailleuses. Les officiers et hommes de troupe rivalisaient entre eux pour dégager l’entrée.
Le capitaine Boy prenait une bêche en même temps que moi. Tout le monde travaillait avec acharnement. Mais on n’y parvenait pas car l’air dans le tunnel devenait
de plus en plus irrespirable. La sueur nous coulait du corps. Des gaz toxiques commençaient à envahir l’intérieur, issus des munitions explosées sous l’entrée.
Les efforts et l’inhalation de l’air chargé de fumée et de gaz me faisaient perdre toutes mes forces.
Le capitaine Boy me prenait par le bras pour me conduire à travers la galerie de communication vers le PC du régiment.
En quittant le tunnel principal il ordonnait encore aux hommes qui l’entouraient : “ Tout le monde me suit, mais lentement!”
Quelques officiers et hommes de troupe nous avaient déjà devancés. Il ne fallait pas agir de façon précipitée parce que la galerie n’avait que de faibles dimensions.
L’artillerie ennemie poursuivait toujours son bombardement du tunnel et de la vallée.
Peu de camarades arrivaient finalement au PC du régiment d’où ils gagnaient la surface. La raison de cela m’est restée inconnue.
Je pense qu’on aurait pu sauver beaucoup d’hommes s’il n’y avait pas eu une circonstance malheureuse qui a empêché cela.

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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeLun 30 Nov - 12:33

Pourquoi ne venez-vous pas nous sauver?
( par le sous-lieutenant Farrenkopf)

J’entends toujours ce cri strident lorsque je pense à la catastrophe du Winterberg-Tunnel.
De nombreux camarades ainsi que les familles des victimes du Winterberg m’ont souvent posé la même question :
N’y avait-il pas moyen de sauver les nombreux hommes enfermés dans le souterrain ?
Le régiment a-t-il fait tout son possible pour leur sauvetage?
A cette dernière question, je peux répondre franchement par un oui, la conscience tranquille.
J’étais en cette période clerc au bureau du 3e bataillon et j’étais abrité dans le Winterberg-Tunnel, ensemble avec l’Etat-Major du bataillon, celui du régiment
et avec la réserve du régiment, soit au total une force de deux compagnies et demi.
Je vois encore distinctement le commandant du régiment, le major Schüler, lorsqu’il tentait de nous guider, quelques minutes après l’effondrement de l’entrée du tunnel
et de l’explosion des munitions, car nous nous bousculions alors dans la panique, enveloppés d’une épaisse fumée et de gaz étouffants, pour gagner l’arrière du tunnel :
“Dirigez-vous par groupes vers la sortie de secours!” Cet ordre, il le répéta de multiple fois.
Vers 12 heures, j’ai ainsi pu quitter la galerie accompagné de l’aide de camp du 3e bataillon, le sous-lieutenant Schwarz et des camarades Geier et Emil.


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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeLun 30 Nov - 13:00

J avais pas mal crapahute a Craonne pendant 3 jours en septembre 2016 a la recherche des tranchees francaises dans le bois de Beau-marais.
Mon arriere-grand-pere a ete gravement blesse(jambe arrache par un obus) le 10 mai 1917 sous les tirs de barrage allemands.
Il a ete fait Chevalier de la Legion d honneur et Croix de Guerre 14-18-
Plus tard,il sera decore de la croix de guerre 39-45 pour avoir participe aux parachutages d armes et de munitions(1943/44) dans le maconnais
pour la resistance du maquis de Cluny.
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeMar 1 Déc - 11:21

Vivement la prochaine campagne de fouilles ...
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeMar 1 Déc - 12:13

Ca va te plaire,l annee prochaine,l equipe de Malinowski va aussi faire une campagne de fouilles a Stalingrad -toujours avec l accord de Poutine.
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitimeMer 2 Déc - 11:18

Là aussi il y aura du boulot... scratch
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MessageSujet: Re: Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé   Le mystère du « tunnel de la mort » de 14-18 enfin élucidé Icon_minitime

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